Lauréate d’importants concours, Rabea Kramp, élève de Ulrike Sonntag, à Stuttgart, et de Rudolf Piernay, à Londres (Guildhall) a participé à de nombreuses masterclasses (Grace Bumbry, Peter Schreier, Anna Tomowa-Sintow, Cheryl Studer, Erwin Gage…). Son nouveau récital s’inscrit dans la saison tchèque et slovaque de l’Opéra de Dijon, juste avant la nouvelle production de Katia Kabanova, dans une mise en scène de Laurent Joyeux et avec Andrea Dankova dans le rôle-titre. De Smetana à Eben, le programme en est novateur et riche. Seul le bis est familier du public (l’Ode à la lune de Rusalka, de Dvorak). Il est composé de quelques chefs-d’œuvre dans le droit fil du romantisme germanique, mais aussi de nombreuses pièces d’une originalité indéniable, tel le Reisebuch de Krenek ou les chants sur des poésies populaires moraves de Janacek. Le sommet ? Sans doute l’air « Och jaky zal ! » du troisième acte de La fiancée vendue, de Smetana. La voix de Rabea Kramp s’y déploie avec un lyrisme et une maturité vocale exceptionnels. Soutien de la ligne, égalité, projection, couleur, fraîcheur et puissance sont au rendez-vous. Un grand soprano dramatique est né, dont on suivra la carrière avec intérêt. Les qualités de Mihály Zeke, le partenaire au piano, ne sont pas moindres. Son jeu, magistral, s’accorde à merveille au chant qu’il magnifie.
Dijon, Opéra, Auditorium, 17 janvier 2015