« Sauvons la caisse ! ». Non, il ne s’agit ni d’un cri d’alarme du ministre des finances concernant le budget de l’Opéra, ni d’une allusion au caissier des Brigands d’Offenbach, mais d’une nouvelle redécouverte de la compagnie d’amateurs Les Délassements comiques, qui continue de fouiller les archives pour en exhumer des trésors oubliés. Au lendemain du désastre de Sedan, jamais les théâtres parisiens n’avaient été aussi remplis, les auteurs assurant la production continue d’œuvrettes de simple divertissement, qui nous enchantent aujourd’hui à la fois par leur qualité musicale, et par leur mise en scène de mœurs sociales d’une autre époque.
Nous sommes en 1871, Charles Lecocq met la dernière main à La Fille de Madame Angot qui sera créée l’année suivante. Et la caisse qu’il met en musique dans Sauvons la caisse !, opérette en un acte à deux personnages sur un livret de Jules de la Guette, est en fait une grosse caisse subtilisée par Cruchinet pour attirer l’attention de l’écuyère d’un cirque équestre dont il est tombé passionnément amoureux. Laquelle écuyère, maîtresse femme interprétée par Delphine Renard, prends à coups de cravache le contrôle de son amoureux transi, qui s’est déguisé en Hongrois moustachu avec les vêtements de son maître Tropouridchiek. Ce n’est pas « Boum le canon, Boum la mitraille », mais c’est déjà musicalement très affirmé.
En lever de rideau, une autre rareté, La Bonne de ma Tante, saynète-bouffe musicale en un acte également à deux personnages, est l’œuvre d’un compositeur prolixe d’opérettes aujourd’hui bien oublié, Frédéric Barbier, sur un livret d’Hyppolite Bedeau (1872). Musicalement moins riche, l’œuvre est une variante sur le thème de la bonne envoyée par un bureau de placement (comme dans le Pomme d’Api d’Offenbach, 1873). Elle met en scène Eusèbe qui, pour accueillir (et abuser) la naïve paysanne qui vient pour la place, se fait passer pour sa tante, Madame Falempin. Bibi et voilette noirs, longue robe grenat, Gérard Lescure, travesti en vieille demoiselle originale, est irrésistible, on pense au nanar La Marraine de Charley.
Deux petites œuvres lyriques endiablées, qui n’engendrent pas la mélancolie (plus d’informations).