Toujours prompts à surréagir, les réseaux sociaux s’émeuvent de la représentation supposée raciste d’Annina dans la reprise de La traviata mise en scène par Benoît Jacquot actuellement à l’Opéra national de Paris. La servante de Violetta a le visage et la peau noircis alors que l’interprète du rôle, Cornelia Oncioiu, est de type caucasien. Nous-même en 2014 étions tombé dans le piège. « Faire d’Annina une réplique de Mamma, la nourrice de Scarlett dans Autant en emporte le vent n’est pas du meilleur goût. », écrivions-nous, coupable de ne pas avoir remarqué la référence à l’Olympia de Manet, autre courtisane célèbre peinte nue sur un lit, une femme de chambre noire à son chevet. On évitera donc tout procès d’intention à l’Opéra national de Paris mais on verra dans cette nouvelle polémique un argument en faveur de mises en scène accessibles à tous, dont la compréhension ne nécessite pas la lecture préalable d’une note explicative dans le programme (que l’on n’a pas forcément acheté).
Cornelia Oncioiu à gauche, en Annina © Sébastien Mahé / Opéra national de Paris