Que nul ne soit prophète en son pays, Emmanuel Chabrier peut en témoigner, lui qui est rarement joué dans cette Auvergne qui lui était pourtant chère. Il faut remonter à plus de vingt ans, à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance en 1991, pour trouver trace d’une apparition, hélas brève et sans lendemain. La 13e édition du festival des Meltiques aura au moins permis, pour le 120e anniversaire de la disparition du compositeur, d’inscrire La Sulamite au programme du concert de clôture *. Pablo Pavon à la tête du Sinfonia Metropole Orchestra a su opportunément autant que talentueusement rappeler quel formidable orchestrateur et coloriste fut l’enfant d’Ambert. En conduisant ses troupes chorale et instrumentale d’une main ferme mais attentive aux subtils frémissements de l’œuvre, il apportait de l’eau au moulin d’un Poulenc, qui bien qu’avare en compliments, tenait cette page en très haute estime. Debussy lui non plus ne s’y est pas trompé puisqu’il a su s’en inspirer pour sa Damoiselle élue. La soprano Catherine Manandaza campait une Sulamite de belle prestance aux côtés du Chœur Musica Mediante et de la Chorale Madrigal, tous deux à la hauteur du défi. Ce que confirmaient avec verve et enthousiasme les extraits du Carmen de Bizet qui suivaient.
*Dimanche 30 novembre à la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand.