La révérence d’Hervé Niquet

Pour marquer la fin du séjour montpelliérain du Concert Spirituel Hervé Niquet et ses musiciens proposaient ce 2 octobre un programme coproduit avec le Centre de Musique Baroque de Versailles et le Centre de Musique Romantique Française de la Fondation Palazzetto Bru-Zane. A l’honneur deux des compositeurs favoris de Marie-Antoinette, Antonio Sacchini et Modeste Grétry. Du premier, le dernier acte de Renaud ou la suite d’Armide (1783) permet d’entendre une partition où les échos de Lully et Rameau se mêlent d’accents mozartiens. Si Marie Kalinine semble éprouvée par la tessiture et si son Armide manque de chair, le Renaud de Jeffrey Thomson est un modèle de diction et de beau chant orné, tout comme la Mélise de Julie Fuchs qui étincelle dans un air virtuose avec reprise. Après le drame au lieto fine, la comédie avec le dernier acte de Panurge dans l’Ile des Lanternes (1785). Katia Vellétaz, dans le rôle de Clymène, l’épouse délaissée, et Aimery Lefèvre dans celui de Panurge y sont remarquables ; Jennifer Borghi et Julie Fuchs font assaut de brio et Mathias Vidal n’est pas en reste. La partition ne cesse de titiller, d’un air de Clymène qui cite Gluck à un duo en chant syllabique qui anticipe sur Rossini et des violons dansants qui annoncent Offenbach. Comme à l’accoutumée l’interprétation du Concert Spirituel allie fini et brillant à l’énergie jubilatoire de son chef. La chaleur et la durée des applaudissements de plusieurs centaines d’auditeurs en ont dit long sur leur admiration et leur gratitude. Hervé Niquet nous manque déjà. [MS]