Marie Lenormand © DR
Mardi 8 avril, avec la collaboration du Palazzetto Bru Zane, l’amphithéâtre de la Cité de la Musique proposait un concert d’extraits permettant de se rattraper à tous ceux qui avaient manqué Herculanum à Versailles un mois auparavant. Et même pour les ceux qui avaient vu Hervé Niquet diriger cette œuvre de Félicien David sous les ors de l’opéra royal, il restait à découvrir puisque le rôle essentiel d’Olympia avait été largement amputé, du fait de l’indisposition de Karine Deshayes. Cette fois, c’est Caroline Fèvre qui chantait ce personnage, dont on put enfin entendre quelques airs ; si la véhémence d’Olympia était bien là, on peut regretter qu’un vibrato très présent n’ait pas toujours permis d’en goûter toute la virtuosité. Le rôle de Nicanor, magistralement tenu à Versailles par Nicolas Courjal, était interprété par le baryton Christian Helmer, à la voix très sonore mais sans tout le sarcasme que son aîné savait mettre dans le personnage ; après sa métamorphose en Satan, le rôle était tenu par la basse Frédéric Caton, aux intonations tout à fait fielleuses. Gabrielle Philiponet reprenait avec vaillance la succession de Véronique Gens, avec des moyens tout autres mais parfaitement convaincants. La première partie du concert offrait le charme de l’inédit, avec Le Dernier Jour de Pompéi, de Victorin Joncières, dont vient d’être révélé l’admirable Dimitri. Dans une veine un peu différente, on retrouvait les grandes qualités mélodiques de ce compositeur injustement oublié ; malgré les grandes qualités du pianiste Stéphane Jamin, on aimerait maintenant entendre avec orchestre cette partition qui renferme de fort belles pages. La plupart des artistes cités plus haut y brillaient également, mais le rôle important de mezzo était tenu par une Marie Lenormand très investie dans son personnage, et l’on se dit qu’avec Thomas Bettinger, le Centre de musique romantique française a trouvé un ténor for prometteur, apte à incarner tout un répertoire qu’il s’est donné pour mission de faire revivre. D’ici quelques mois, Herculanum sera disponible dans l’enregistrement réalisé par Hervé Niquet avant le concert de Versailles ; osons rêver que Le Dernier Jour de Pompéi connaisse un jour le même sort. [Laurent Bury]
A l’ombre du Vésuve, Cité de la Musique, mardi 8 avril 2014, 20h