Le musée d’Orsay programme pour quatre représentations une délicieuse opérette en un acte d’Offenbach, La chatte métamorphosée en femme, créée aux Bouffes-Parisiens en 1858. L’argument, signé Scribe et Mélesville, est directement inspiré d’une fable de La Fontaine qui disserte sur le vieil adage « chassez le naturel, il revient au galop ». Dans l’opérette, une jeune femme est amoureuse de son cousin fort indifférent à elle car amoureux de la chatte de la maison : en prenant la place de l’animal familier, elle arrive à ses fins. L’originalité et la drôlerie des situations sont soutenues par une musique tout en finesse que défend avec un brio parfois un peu envahissant Benjamin Lévy et les seize musiciens de son orchestre de chambre Pelléas. Les quatre solistes (Magali Léger, Pauline Sabatier, François Rougier et Guillaume Andrieux) tirent très bien leur épingle du jeu, dans des conditions parfois périlleuses, surtout pour Guillaume Andrieux qui continue de chanter accroché à un lustre ou en faisant le poirier.
Mais pourquoi diable vouloir à tout prix allonger la sauce ? Ces petites opérettes d’Offenbach duraient environ cinquante minutes : que viennent faire ici la « Chanson de Fortunio », et pire encore, le premier air de Catherine de Pomme d’Api, ainsi qu’une partie du ballet « des flocons de neige » du Voyage dans la Lune et de celui de Geneviève de Brabant ? La représentation, déjà alourdie par la présence d’une danseuse-chatte qui ne cesse de circuler même quand elle ne devrait pas être là, est interrompue pas ces intermèdes orchestraux où les chanteurs ne savent pas quoi faire. Quant aux dates de ces ajouts, ils sont pour certains très postérieurs et ne correspondent donc musicalement en rien à La Chatte. Dommage. [Jean-Marcel Humbert]
Prochaines représentations : auditorium du musée d’Orsay, les 6 et 8 février à 20 h et le 9 à 15 h (complet toutes dates).