Khachatur Badalyan, encore un Don José chahuté à Bastille

Hier soir, 10 décembre, pour la troisième représentation de Carmen mise en scène par Yves Beaunesne, l’Opéra de Paris étrennait un nouveau Don José : Khachatur Badalyan, jeune ténor russe suffisamment robuste pour assumer toutes les notes et les tensions d’un rôle qui est loin d’être une promenade de santé ; vaillant donc mais aussi capable de quelques beaux effets, notamment un usage raffiné de la voix mixte à la fin du duo avec Micaela. Certainement pas le chanteur le plus idiomatique que l’on soit en droit d’attendre de notre première scène nationale (les dialogues parlés sont intraitables), ni le brigadier le mieux caractérisé que l’on puisse imaginer (difficile d’être investi scéniquement quand on prend pour la première et unique fois le train en marche d’une production bancroche) mais rien qui justifie les huées par lesquelles le chanteur a été accueilli aux saluts, au même titre d’ailleurs qu’Anna Caterina Antonacci et, dans une moindre mesure, Philippe Jordan. Le public de l’Opéra Bastille (dont, fidèle à son habitude, une partie déserte la salle dès le tomber de rideau) aurait-il décidé d’être aussi impitoyable que celui de La Scala ? [Christophe Rizoud]