Les frontières du cross-over ne cessent de reculer : le label Sony annonce réunir les plus grandes stars de la scène lyrique pour un album entièrement consacré à Johnny Hallyday. Vedette du projet, Jonas Kaufmann confesse avoir appris ses premiers mots de français en écoutant, dans ses années d’adolescence, « L’envie » ou « Je te promets ». Des tubes qu’il reprendra dans leur langue originale. C’est par contre en allemand qu’il chantera, aux côtés de René Pape, « Anmachen das Feuer ! » – comprenez « Allumer le feu ». En bon wagnérien, Pape voit d’ailleurs dans ce titre « une réinterprétation moderne et concise de l’Immolation de Brünnhilde ».
Outre Pape, ce sont la plupart des gloires de l’opéra qui ont répondu présent aux côtés de Kaufmann. La grande Angela Gheorghiu sera là, bien sûr, pour une reprise censément puccinienne de « Que je m’aime ! ». Cecilia Bartoli et Christophe Rousset au clavecin promettent des variations ébouriffantes sur « Gabrielle » (avec ports de voix et contre-mi bémol, dont les versions modernes nous privent si souvent), Bryn Terfel n’aura sans doute aucun mal à convaincre en bad boy dans « Ma gueule », et même Anja Harteros a officiellement annoncé qu’elle annulait sa participation au projet.
Pour accompagner tout ce beau monde, c’est rien moins que la Staatskapelle de Dresde qui a été conviée, dirigée par son chef Christian Thielemann, qui a personnellement mis au point toutes les orchestrations, qu’il souhaite denses et profondes : « On ne peut pas faire à Goldman et Berger ce que Simon Rattle a fait à Beethoven et Brahms » a-t-il sobrement commenté au sortir d’une répétition, en santiags et manteau de cuir.
Nom de la tournée prévue à l’automne 2018 dans les stades européens: « On a tous quelque chose de Johnny ! »
Avec la collaboration de Clément Taillia.