Gershwin déplace toujours les foules. Avec Un Américain à Paris, Rhapsody in Blue, la suite d’après Porgy and Bess, des Songs, il y a, à Dijon comme ailleurs, de quoi réjouir une salle archi-comble. L’originalité du concert réside dans le parti pris de Jos van Immerseel de jouer, à son habitude, sur instruments d’époque. Las, sa direction plombe l’orchestre. Manifestement sa culture n’est pas celle du music-hall. Rayon de lumière dans un concert bien fade : la participation de Claron McFadden, davantage connue pour ses remarquables interprétations de musique baroque et contemporaine. Bon sang ne saurait mentir : malgré une balance où l’orchestre oublie qu’il accompagne, la cantatrice américaine abandonne le micro imposé pour ravir le public. La voix est superbe : impressionnante de longueur, d’une émission colorée, avec de splendides aigus, des graves bien timbrés, et un sens du rythme qui n’a rien à envier aux « grandes» voix du jazz et du blues. Tour à tour « The Man I love », « I got Rhythm », familiers, puis « My Man’s gone now » (de Porgy and Bess) et « By Strauss », moins fréquentés. Epanouie, souple, avec des progressions à couper le souffle, Claron McFadden offre en bis un « Summertime », où toute la technique « classique », alliée à la grande tradition jazzique, sert merveilleusement ce standard.
Dijon, Auditorium, le 5 mars 2017, 15 h Anima Eterna Brugge, Jos van Immerseel Bart Van Caenegem, piano ; Claron Mc Fadden, soprano