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Réussir un spectacle lyrique « jeune public » est un art infiniment délicat. Nombreux sont ceux qui s’y sont risqués, mais rares sont les réussites. Hélas, ce n’est pas la reprise de Chat perché, opéra rural à l’Amphi Bastille qui démentira cette vérité (alors que la Comédie Française avait remporté un succès complet avec Le Loup, également inspiré des Contes du chat perché de Marcel Aymé). Créé en 2011, le spectacle est un peu trop long, d’autant que le texte de Caroline Gautier est à peu près inintelligible, parce qu’il aime verser dans le salmigondis poétique en procédant par listes de mots au lieu de phrases simples, parce que sa mise en musique par Jean-Marc Singier n’en favorise pas toujours la clarté, ce qu’aggrave encore l’accent de certains interprètes. Le ténor américain Marc Molomot propose une assez réjouissante composition en Cochon, Sonia Bellugi est une exquise Cousine Flora, mais malgré tous leurs efforts, ces deux chanteurs ont parfois bien du mal à nous faire comprendre ce qu’ils disent. Dans son superbe costume, le contre-ténor Robert Expert se déchaîne littéralement en Paon, l’espace d’une scène. En retrouvant Sylvie Althaparro, qu’on avait un peu perdue de vue depuis les Catone in Utica et Retour d’Ulysse dirigés par Jean-Claude Malgoire, on enrage que le compositeur n’ait pas su mieux exploiter ce timbre rare ; le problème n’est pas le même pour Michel Hermon, plus acteur que chanteur. Excellente idée que de confier Delphine et Marinette à deux contorsionnistes, et Panthère plus vraie que nature de Salomon Baneck-Asaro. Costumes amusants, surtout pour les cinq musiciens de l’ensemble 2E2M, qu’un accessoire suffit à changer en animaux de la ferme ; le décor, sorte d’amphithéâtre semi-circulaire, bouge constamment, sans aucune raison. Malgré tout, les enfants s’ennuient, et les adultes aussi. [Laurent Bury]
Chat perché, opéra rural, musique de Jean-Marc Singier, conception, livret et mise en scène de Caroline Gautier, direction musicale : Pierre Roullier. Amphi Bastille, du 24 au 31 janvier