Le metteur en scène Elijah Moshinsky est mort à Londres quelques jours après son 75ème anniversaire, le 14 janvier dernier.
Les familiers des productions abondamment filmées de Luisa Miller, au Metropolitan Opera de New York, ou de Simon Boccanegra à Londres – opéra qu’il aimait tout particulièrement et dont il a réglé une nouvelle reprise en 2018 – se souviennent sans doute de mises en scènes souvent assez classiques, aux détails soignés et qui ont souvent paru inusables même après plusieurs décennies. Elijah Moshinsky était un homme de théâtre venu très tôt à la mise en scène en réglant Le Procès de Kafka alors qu’il était encore étudiant à Melbourne, et très tôt également à l’opéra par un coup de maître, la fameuse production de Peter Grimes pour Covent Garden en 1975, qu’il portera à Garnier 6 ans plus tard pour l’entrée tardive du chef-d’œuvre de Britten au répertoire de l’Opéra de Paris. Si la Ville lumière ne le reverra plus guère, Moshinsky apportera ses visions à la fois soucieuses d’exactitude et attachées à proposer une direction d’acteurs cohérente et précise dans de nombreuses maisons d’opéra à travers le monde, notamment en Italie (Milan, Florence), aux Etats-Unis (New York, Chicago), en Australie et surtout au Royaume-Uni, particulièrement à Londres.
Né de parents d’origine russe à Shanghai en 1946, Elijah Moshinsky a grandi en Australie, dont il a pris la nationalité. Cet amoureux de Shakespeare au théâtre l’était surtout de Verdi à l’opéra, malgré l’éclectisme des oeuvres qu’il a mises en scène, de Wagner à Ligeti, en passant par Mozart, Stravinsky ou Saint-Saëns. L’actuel directeur musical de Covent Garden, Antonio Pappano soulignait pour sa part, à l’annonce de la disparition du metteur en scène, que la connaissance que celui-ci avait de Verdi était simplement « extraordinaire » et qu’il était pour lui un « disciple ». C’est en tout cas un artiste prolifique et passionné que le monde de l’opéra perd aujourd’hui.