Décès de Peter Schreier: l’Evangéliste s’est tu

La Westdeustche Rundfunk annonce le décès, à l’âge de 84 ans, du ténor et chef d’orchestre allemand Peter Schreier.
Natif de la Saxe, Peter Schreier fit ses premiers pas musicaux enfant, au sein du célèbre Kreuzchor de Dresde, où il fit l’apprentissage de ce répertoire baroque qu’il servit par la suite avec talent et constance pendant plus de quatre décennies. Si Peter Schreier a acquis une incontestable notoriété, et reste à jamais présent dans de nombreuses mémoires, c’est bien comme Evangéliste, dans les Passions ou l’Oratorio de Noël de Bach. Dans ce rôle, il donnait le meilleur de ses qualités de conteur et de musicien, au style intemporel, à l’écart des modes: une sorte de permanence universelle se dégageait de ses incarnations, heureusement bien documentées au disque. Mais on aurait tort de limiter Peter Schreier à ce répertoire sacré, qu’il servit également comme chef d’orchestre. Peter Schreier fit une carrière tout aussi remarquable à l’opéra: seule sa fidélité à sa terre d’Allemagne de l’Est en ces temps de guerre froide l’empêcha de connaître le rayonnement auquel, à bon droit, il aurait pu prétendre. Heureux spectateurs de Dresde, Leipzig et Berlin-Est des années 60, 70 et 80, qui purent apprécier le talent immense et la probité artistique peu commune de Peter Schreier ! Sa voix, centrale de tessiture, et sa technique imparable, lui permirent d’aborder et de durer dans un répertoire des plus vastes, allant de Wagner à l’opérette, sans négliger la musique contemporaine. Là encore, le disque en porte témoignage, et de nombreux enregistrements lyriques de Peter Schreier sont couramment disponibles, notamment dans le répertoire mozartien (Tamino, Belmonte, Ferrando), dans lequel il brillait particulièrement.