Après avoir passé l’été à arpenter les rues de Paris pour relever, photos à l’appui, le délabrement de la ville engendré par la gestion désastreuse de l’actuelle municipalité, Didier Rykner de La Tribune de l’art a poussé les portes du Conservatoire d’art dramatique, rue Bergère, monument vénérable pour les amateurs de musique. L’acoustique de la salle est aussi admirable que sa décoration intérieure. Berlioz y eut son bureau que l’on peut encore visiter. Plusieurs de ses œuvres y furent créées dont la Symphonie fantastique (1830), Lélio ou le Retour à la vie (1832) et Roméo et Juliette (1839). Au fait, ne commémore-t-on pas l’année prochaine le bicentenaire de la naissance de ce compositeur ?
Construit en 1811 par l’architecte François-Jacques Delannoy, puis remanié dans le courant du XIXe siècle, ce bâtiment partiellement classé historique depuis 1921, est aujourd’hui menacé par la vente de ses parties non classées, d’un haut intérêt artistique pourtant, décidée dans le cadre de l’installation d’une Cité du Théâtre, boulevard Berthier dans le XVIIe arrondissement parisien en 2022 – projet non contesté par ailleurs.
Un courrier, envoyé en 2011 au Directeur général de la création artistique (dont dépend le Conservatoire) expliquait que ces éléments non protégés – le vestibule, le grand escalier, le salon d’honneur et la salle Louis Jouvet – « forment un ensemble cohérent de grande qualité architecturale et décorative qui mériterait de bénéficier également d’une protection au titre des monuments historiques ». Ce courrier est resté inexplicablement lettre morte. En l’absence de classement par le ministère de la Culture, la destination de ces éléments serait laissée à l’appréciation du futur acheteur, à savoir une probable destruction.
« On ne peut impunément vendre tout ce qui fait l’histoire de la France, et encore moins son histoire culturelle et artistique », s’indigne Didier Ryckner. Au vu de la gestion patrimoniale de Paris ces dernières années, il semblerait que si.