Consacrer un roman au père du dodécaphonisme, il fallait y penser. Non que la vie d’Arnold Schönberg soit exempte de péripéties : sa première épouse pour qui le peintre Richard Gerstl se suicida, son exil aux Etats-Unis afin de fuir le nazisme. Et le milieu dans lequel il évolua est riche en personnalités fortes, à commencer par ses deux élèves chéris, ceux qui sont simplement appelés « Alban » et « Anton » dans Harmonie, Harmonie, de Vincent Jolit. Ce roman publié par les éditions La Martinière doit son titre aux derniers mots qu’aurait prononcé Schönberg sur son lit de mort. Pour son deuxième fiction après Clichy, qui évoquait la figure de Céline (2013), l’auteur a adopté un ton très libre qui contraste agréablement avec l’austérité des compositions dont il est question, notamment le Pierrot lunaire ou les Gurrelieder ; il ose même à plusieurs reprises faire dialoguer Schönberg avec Moïse. On relève ici et là quelques formules bien senties : Milhaud et Poulenc, « les Dupond et Dupont ambassadeurs de la musique française », ou Alma Mahler, « toujours prompte à créer la zizanie, cette vieille peau qui survit à tout ».
Harmonie, Harmonie, roman de Vincent Jolit, Editions La Martinière, août 2014, 15,90, 978-2-7324-6679-8