La très néo-classique Ariane fut conçue par Martinů sur un livret qu’il rédigea en français d’après Georges Neveux, exactement comme Juliette. Même surréalisme de l’atmosphère, mais avec une musique souvent proche du Stravinsky du Rake’s Progress. De cet opéra de 45 minutes créé en 1961 à titre posthume, on ne disposait jusqu’ici que d’un enregistrement, paru chez Supraphon en 1988. Près de trente ans plus tard, le label tchèque ajoute à son catalogue une nouvelle version non dépourvue d’atouts. D’abord, en termes de minutage, il faut noter que là où Ariane était proposée seule en 1988, elle se voit à présent adjoindre un complément de programme tout à fait cohérent, le Double Concerto du même Martinů pour orchestres à corde, piano et timbales. L’Orchestre philharmonique d’Essen dirigé par Tomáš Netopil succède dignement à l’Orchestre philharmonique tchèque Sous la direction de Václav Neumann. Quant aux solistes vocaux, on note dans la présente version deux francophones : la basse Tijl Faveyts, qui se produit régulièrement au Bénélux, et surtout le superbe ténor Abdellah Lasri dans deux petits rôles. Les autres interprètes s’expriment dans un français acceptable mais perfectible, le Thésée de la première version l’emportant par un timbre plus riche que celui de Zoltán Nagy. Quant au rôle-titre, après Celina Lindsley en 1988, Simona Šaturová lui apporte une présence dramatique plus immédiate – avantage du live, puisqu’il s’agit d’une captation en concert – mais aussi un vibrato plus prononcé dans les aigus forte.
Bohuslav Martinů, Ariane / Double Concerto, Essener Philharmoniker, Direction musicale : Tomáš Netopil, 1 CD Supraphon SU 4205-2 – 66’07