Pour la troisième année consécutive, après Anna Bolena en 2011 et L’Elisir d’amore en 2012, Anna Netrebko ouvre la saison du Metropolitan Opera, cette fois dans une nouvelle production d’Eugène Onéguine, retransmise dans les cinémas samedi dernier, le 5 octobre. Disons-le d’emblée, sa Tatiana miraculeuse se hisse au niveau des plus grandes titulaires du rôle. Vocalement, la cantatrice d’origine russe est actuellement à l’apogée de ses moyens. Le timbre, somptueux, est homogène sur toute la tessiture, l’aigu rayonnant est remarquablement projeté, et le grave, désormais émis avec aisance, s’est considérablement développé. De plus, la soprano dispose d’une large palette de nuances qui lui permet de varier à l’infini son interprétation. Scéniquement, l’actrice est tout aussi captivante, la jeune fille un peu gauche et exaltée du premier acte – à cet égard, la scène de la lettre est quasiment anthologique- se métamorphose au trois en femme du monde élégante, d’une classe irrésistible. A ses côté, Mariusz Kwiecien, grand habitué du rôle, campe un Onéguine moins arrogant et cynique qu’à l’accoutumée. Il dira au cours de son interview que c’est Deborah Warner qui le lui a suggéré. De fait, son personnage inspire ici davantage la compassion que le mépris et le timbre caressant du baryton polonais fait le reste. Son duo final avec Tatiana se hisse à un degré d’intensité et d’émotion rarement atteint. On oubliera aisément un Prince Gremin un peu fade et un Monsieur Triquet ridicule, pour saluer la performance de Piotr Beczala, magnifique Lenski, dont le « Kuda kuda » est particulièrement poignant. Au pupitre Valery Gergiev livre une lecture fouillée de la partition dans des tempi plutôt retenus. Enfin, que dire de la production on ne peut plus conventionnelle de Deborah Warner si ce n’est qu’elle paraît bien plus datée que celle de Carsen à laquelle elle succède. Elle comporte toutefois une seule bonne idée, le duo final, en extérieur, de nuit, sous la neige. On l’aura compris, la magie de ce spectacle repose essentiellement sur les trois protagonistes principaux, au sommet de leur art. [Christian Peter]
Anna Netrebko, éblouissante Tatiana au Met
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Brève
7 octobre 2013
Anna Netrebko, éblouissante Tatiana au Met
- Œuvre
- Auteur
- Compositeur
- Editeur
- Labels
- Lieu
- Saison
- Orchestre
- Artistes
Infos sur l’œuvre
Détails
Commentaires
VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS
Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
- Œuvre
- Auteur
- Compositeur
- Editeur
- Labels
- Lieu
- Saison
- Orchestre
- Artistes
Infos sur l’œuvre
Détails
Nos derniers podcasts
Nos derniers swags
This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware
La parole aux femmes
CDSWAG
Le Bourgeois Gentilhomme
Un gentilhomme en fête
CDSWAG
Debussy La Damoiselle élue
Lignes claires
CDSWAG
Les dernières interviews
Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »
Interview
Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »
Interview
Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »
Interview
Les derniers dossiers
Questionnaire de Proust
Dossier
Les grands entretiens de Charles Sigel
Dossier
Philippe Boesmans (1936 – 2022)
Dossier