Pour une soirée originale, autour de son beau clavecin, copie d’un instrument allemand de 1710, Andreas Staier a réuni à Dijon samedi dernier, 14 janvier, deux de ses chanteurs favoris et ses partenaires de longue date, Petra Müllejans et Roel Dieltiens, références de l’art instrumental baroque. Bach, rien que Bach, tout l’art de Bach tel qu’il devait retentir dans l’intimité de son foyer, sans doute. Des fragments de sept cantates, judicieusement choisis, quelques airs du Schemellis Gesangsbuch, des pièces pour chacun des instruments s’enchaînent avec bonheur. On se souvient du magnifique Winterreise que Georg Nigl et Andreas Steier nous avaient offert il y a deux ans, puis, plus récemment, de sa prestation à la Philharmonie où il avait déjà Anna Lucia Richter pour partenaire. Le grand baryton est souverain chez Bach : la voix au timbre séduisant, sonore, avec une articulation et une expression exemplaires. La cantate Der Friede sei bei dir (BWV 158) nous plonge d’emblée dans cet univers piétiste dont la sincérité du message est manifeste. Les récitatifs, ariosos et arias, chorals, confiés au baryton ou à la soprano, ou encore aux deux sont un régal. Dès le premier cantus firmus entonné par la soprano, en écho à l’aria du baryton (Welt, ade, ich bin dein müde), il est clair que l’on a affaire à une grande voix à l’émission ample, colorée et soutenue. Humble et épanouie dans quelques brèves mélodies du recueil de Schemelli, elle atteint des sommets dans Ich habe genug et le Schlummert ein qui suit le récitatif. Avec la complicité d’Andreas Staier et de ses amis, deux artistes majeurs, dotés de moyens rares, qui renouvellent par leur approche expressive ce répertoire que l’on croyait bien connaître. A suivre !
Musique de la Réforme – Anna Lucia Richter, soprano ; Georg Nigl, baryton ; Petra Müllejans, violon ; Roel Dieltiens, violoncelle ; Andreas Staier, clavecin – Dijon, Auditorium, 14 janvier, 20h
Cantate BWV 158, extraits des cantates 82, 27, 21, 92, 36 et 49 ; Airs n°36, 44, 45 et 59 du Schemellis Gesangbuch ; Oeuvres instrumentales BWV 936, 1011, 813a, 1019a, 691