Pour qui l’a croisé, il ne fait aucun doute qu’Alberto Zedda était un sage. Venu de la philosophie, ami des modernes italiens – Berio, Nono, Scelsi – il trouve en Rossini son compagnon de vie. Rien d’extravagant, à ses yeux : « qu’était-il d’autre q’un compositeur tout simplement moderne ? Cherchons lui des homologues dans l’art plastique par exemple. Les noms qui me sautent aux yeux sont Miro, Dali, Clay, Mondrian, Kandinsky, Kokoschka,… On ne peut pas le comparer à ses contemporains. Rossini fut un compositeur moderne vêtu d’habits anciens. »
Le paradoxe, bien sûr, c’est que Zedda dirigera massivement Rossini tout en boudant son oeuvre la plus connue, le Barbier de Séville : « je n’aime pas cette histoire, je n’y crois pas. Les amants actionnent un plan d’une indicible complexité sans pourtant s’être croisés une seule fois. Je la laisse à d’autres ». L’année dernière, il nous expliquait – en quatre minutes – son passage de la musique atonale au rossinianisme quasi-exclusif et, surtout, le bouleversement philosopique qui l’accompagna.