A qui profite Le Crime de l’Orpheline actuellement à l’affiche du Théâtre du Ranelagh à Paris ? A Flannan Obé d’abord, auquel ce « grand-guignol musical » offre l’occasion d’exposer ses innombrables talents, comiques mais pas seulement, celui de mime n’étant pas le moindre. Lorsqu’il endosse le rôle d’Alfred, « un gentil gars des rues », on pense à Jean-Louis Barraud dans Les Enfants du paradis. C’est dire ! Artiste caméléon – chanteur, acteur, danseur, magicien… –, Flannan Obé, si on ne le retenait pas, irait jusqu’a interprèter Joséphine, l’orpheline qui donne son nom à ce spectacle inclassable et inracontable, sorte de comédie musicale absurde en forme d’hommage parodique au cinéma muet.
Réglée comme du papier à musique, la mise en scène de Philippe Lelièvre, peut compter sur le piano de Philippe Brocard (en alternance avec Delphine Dussaux) pour asséner des coups qui ne sont que de théâtre. Les rouages de la soirée reposent sur les dix doigts de cet as de l’improvisation dont le jeu s’emploie à relier des chansons composées par Florence Andrieu, également interprète drolatique de Joséphine. On s’amuserait à relever les multiples allusions musicales tant à l’opéra – Verdi, Gounod… – qu’au jazz et au cabaret, si l’enchainement rapide des situations en laissait le temps. Seul le tour de magie au milieu d’un improbable entracte tire en longueur. Porté par une incroyable énergie, une fantaisie à toute épreuve et un grand sens de l’autodérision, ce Crime-là n’est pas loin d’être parfait !
Le Crime de l’Orpheline, du 1er avril au 18 juin, Paris, Théâtre du Ranelagh, Grand guignol musical de Florence Andrieu, Flannan Obé et Philippe Brocard. Mise en scène de Philippe Lelièvre assisté de Marcela Makarova. Avec Jeannette Salvador, Florence Andrieu, Flannan Obé. Au piano, Philippe Brocard ou Delphine Dussaux. (plus d’informations).
Flannan Obé, Florence Andrieu © Ben Dumas