Restauré superbement en 2009, l’Opéra Royal de Versailles est une merveille architecturale. Mais il est surtout devenu une des salles lyriques les plus intéressantes de la région parisienne, avec une programmation originale et des spectacles de grande qualité. Il reste globalement peu fréquenté : tarifs et accès peuvent en effet décourager les spectateurs non versaillais. Pourtant, le périple en vaut largement la chandelle !
Adresse : Pour l’Opéra Royal et la Chapelle Royale : Château de Versailles – Place d’Armes – 78000 Versailles (entrée par la Grille d’Honneur). Se diriger ensuite vers le côté droit de la cour (entrée H : cour de la Chapelle). Entre deux périodes d’attentats, entrée possible par l’escalier de la place Gambetta dans le prolongement de la rue des Réservoirs.
Des spectacles sont également programmés dans la Galerie des Glaces, le Salon d’Hercule, l’Orangerie, les jardins, ou encore dans les Petit et Grand Trianon et au Théâtre de la Reine (accès par le boulevard de la Reine).
Institution lyrique hébergée : L’Opéra Royal accueille essentiellement des spectacles en coproduction ou simplement hébergés. Parmi les ensembles lyriques régulièrement invités, on citera Le Concert Spirituel (Hervé Niquet), l’Ensemble Matheus (Jean-Christophe Spinosi), Les Arts Florissants (William Christie), The King’s Consort (Robert King), l’Ensemble Pygmalion (Raphaël Pichon), Le Poème Harmonique (Vincent Dumestre), l’Ensemble Correspondances (Sébastien Daucé), Il Pomo d’Oro (Maxim Emelyanychev), Les Talens Lyriques (Christophe Rousset) ou encore les productions du Palazetto Bru Zane. Cecilia Bartoli, Philippe Jaroussky s’y produisent également souvent en concert.
Site Web : www.chateauversailles-spectacles.fr
Année de construction : 1768-1770, sous le règne de Louis XV.
Architecte : Ange-Jacques Gabriel (1698-1782). Plafonds peints par Louis-Jacques Durameau. Bas-reliefs sculptés par Augustin Pajou (1730-1809). Ornements du cadre de scène sculptés par Jules-Antoine Rousseau (1710-1782).
Style architectural : Néo-classique.
Répertoire de prédilection : les saisons, majoritairement baroques avec quelques incursions au-delà (en 2016, Don Giovanni et Cenerentola, ou encore le Ballet Preljocaj), sont un habile compromis entre raretés absolues (productions du CMBV ou du Palazzeto Bru Zane pour l’opéra romantique français) ou relatives (Monteverdi, Lully).
Education : Des tarifs réduits sont proposés pour la visite des Jardins musicaux ou les Grandes eaux musicales incluant (en 2016) un livret jeux Super 4 Playmobil !
Histoire : Louis XIV avait déjà eu l’intention d’édifier une salle d’opéra, mais il dut y renoncer pour des raisons financières. Louis XV tergiverse longtemps, repoussant les divers projets proposés par Gabriel. La perspective des fêtes de mariage du Dauphin, le futur Louis XVI, avec Marie-Antoinette, le décide à lancer la construction. Le bâtiment est réalisé à l’emplacement initialement prévu par Jules Hardouin Mansart, dans l’aile nord. Cette partie du bâtiment avait été choisie en raison de sa proximité avec les réservoirs qui alimentent les Grandes Eaux, et qui apporteraient une sécurité en cas d’incendie. La salle est inaugurée le 16 mai 1770 mais elle sert peu par la suite : on ne compte qu’une vingtaine de représentations dans les vingt années qui précèdent la Révolution. L’Opéra Royal est à peu près abandonné par la suite, servant à certaines périodes pour l’Assemblée nationale ou le Sénat. Belle endormie, la salle se réveille les 30 mars et 2 avril 1973 pour inaugurer le mandat de Rolf Liebermann à la tête de l’Opéra de Paris : deux soirées d’avant-première de la célébrissime production des Nozze di Figaro de Giorgio Strehler, spectacle repris à Garnier dès le 7 avril et qui finira dans le hangar de Bastille, usé jusqu’à la corde, en octobre 2012 ! Quelques spectacles sont sporadiquement donnés par la suite (les compléments de nos lecteurs sont les bienvenus) : le 20 mai 1985, un concert Rossini retransmis en direct en Mondovision (mais en différé et tronqué sur la télévision nationale française) réunissant, en costumes d’époque, Montserrat Caballé, Samuel Ramey, Marilyn Horne, Ruggero Raimondi et Claudio Abbado ; une série de représentations de l’Armide de Gluck à partir du 15 septembre 1992, dans une production de Pier-Luigi Pizzi, avec Della Jones et sous la baguette d’un Marc Minkowski qui n’était pas encore trentenaire.
Après d’importants et scrupuleux travaux de restauration, l’Opéra Royal est rouvert le 21 septembre 2009, avec l’ambition d’en faire un vrai théâtre. Mais il devra exister sans subventions car le Château de Versailles est d’abord pour l’Etat un « centre de profit ». La gestion en est confiée à une société privée, Château de Versailles – Spectacles (dont le Château est l’actionnaire unique !). Cette société avait été créée pour organiser les Grandes eaux musicales et les Grandes eaux nocturnes. Sous l’impulsion de son directeur, Laurent Brunner le théâtre a atteint un niveau de programmation tout à fait remarquable avec environ 110 soirées par an, dont d’une cinquantaine d’opéras, d’oratorios et concerts vocaux, une trentaine étant offerts en version scénique. Ces spectacles sont coproduits ou simplement accueillis au théâtre, Château de Versailles Spectacles n’ayant pas les moyens de monter ses propres productions. Autre caractéristique : les séries sont relativement peu nombreuses (en 2016, 4 soirées pour un Don Giovanni et une seule pour l’Orfeo de Monteverdi) mais beaucoup de productions sont reprises assez régulièrement, l’objectif étant de constituer un répertoire propre au théâtre.
Premier opéra représenté : Persée de Lully, sur un livret de Quinault, le 16 mai 1770.
Créations marquantes : A l’époque moderne, l’Opéra Royal se caractérise par une pléthore de recréations d’opéras qu’il serait fastidieux d’énumérer ici !
Meilleures places : Sans être exceptionnelle, l’acoustique de l’Opéra Royal est assez uniformément correcte. Malgré un nombre de places réduit (environ 600 aujourd’hui contre 1.000 à l’inauguration), il s’agit d’une salle volumineuse : à son inauguration, l’Opéra Royal était le plus grand théâtre de France . A titre de comparaison, l’ouverture de scène est de 13,50 m alors que celle du Palais Garnier est de 15,60 m. Aussi, certains chanteurs programmés n’ont pas toujours la puissance requise pour la remplir. En termes d’acoustique, les tous premiers rangs de parterre sont à éviter pour les opéras en version scénique uniquement (rangs E et F). En effet, il n’y a pas de fosse d’orchestre, la formation musicale étant située au niveau des spectateurs et séparée du premier rang par une simple demi cloison : dans ces conditions, il n’est pas rare que les chanteurs soient couverts pour les spectateurs des premiers rangs.
Depuis quelques années, un plancher en gradins a été installé au Parterre et à l’Amphithéâtre (qui correspond au Balcon de Garnier par exemple) : la visibilité est ainsi nettement améliorée. Toutefois, ce rehaussement n’existe pas dans les premiers rangs (E et F en configuration scénique, AA à F en configuration concert). Doté de vraies chaises (dont certaines avec un accoudoir !), le premier rang de l’Amphithéâtre propose les meilleures places en termes d’acoustique et de confort : malheureusement, celles-ci sont souvent réservées aux mécènes ou aux invités.
Du fait de la largeur de la salle, les sièges de balcon de côté ont une assez bonne vue sur la scène. En Corbeille, il faut toutefois éviter toutes les places des loges 1 et 2 (elles sont quasiment de face, mais le rehaussement de l’Amphithéâtre a été trop accentué : le dernier rang de l’Amphithéâtre gène les spectateurs de ces loges), le second rang dans les loges 3 à 12. Vous ne serez pas gênés par vos voisins dans les loges 13 et 14, mais celles-ci sont vraiment trop latérales, en particulier pour une version scénique. En Balcon Royal, éviter les deuxième et troisième rangs de la Loge Royale, les seconds rangs des loges 5 à 12, la totalité des loges 13 et 14. A noter que quelques places disposent de vraies chaises. En Colonnade, éviter les deuxième et troisième rangs des loges 5 à 10, les loges 13 et 14.
Dans la Chapelle Royale, les places les meilleures sont celles les plus proches de la scène et centrales : plus vous serez éloigné, plus votre plaisir sera pollué par la réverbération, et plus la visibilité sera médiocre. Quand elle est ouverte, la galerie supérieure offre une visibilité relative mais meilleure, en station debout et de côté, avec toutefois le même souci de réverbération. Même constat pour la Galerie des Glaces : hormis le prestige et la beauté des lieux, il n’y a pas plaisir acoustique particulier à attendre… Toutefois, un feu d’artifice dans les jardins pourra venir couronner votre soirée !
Le Théâtre de la Reine est situé dans le domaine du Petit Trianon. Il a été construit par l’architecte Richard Mique entre juin 1778 et juillet 1779. Contrairement à son « grand frère », il a conservé intact sa machinerie d’époque et les changements à vue sont possibles depuis sa restauration. Il est excessivement rare que des spectacles y soient donnés. Si les tarifs peuvent alors sembler exorbitants, ils sont à la hauteur de la rareté de l’événement et de la qualité de l’accueil (concert avec changements à vue des décors restaurés, cocktail d’avant spectacle, d’entracte, coupe de Champagne sous les étoiles dans la Rotonde de l’Amour, guidé à la lampe torche par les gardes du Château !). De plus, la capacité de la salle est limitée pour des rasons de sécurité. Le placement est libre, ce qui ne pose pas de problème compte tenu de ce que le parterre est en pente, le second rang de corbeille surélevé et qu’il n’y qu’un rang au balcon. Au second rang de corbeille, le mur apporte un appui dorsal bien venu par rapport aux banquettes. Le lieu est sublime, l’acoustique admirable : c’est un pur moment de grâce.
Des concerts lyriques sonorisés ont été récemment organisés dans les jardins, dans des tribunes métalliques érigées pour la circonstances.
Tarifs 2016-2017 : Les tarifs sont très variables en fonction des spectacles, mais généralement dans une fourchette de 45 à 140 € (avec un risque de visibilité réduite pour la catégorie la moins chère). Les prix peuvent grimper à 265 € en première catégorie VIP (Don Giovanni), voire 495 € (tarif Doge pour un concert Cecilia Bartoli, cocktail inclus). Les concerts du Palazzetto Bru Zane sont en revanche moins chers : de 25 à 110 €. La grille tarifaire de la Chapelle Royale est tout aussi variable. En général, les prix sont dans une fourchette de 30 à 130 €, mais parfois jusqu’à 150 € (le Requiem de Mozart avec William Christie). Pour la plupart des spectacles, une réduction d’environ 20% est proposée aux moins de 26 ans, hors catégorie VIP. La carte CVS (Château de Versailles Spectacles), vendue 60 € (en 2016) permet d’obtenir ces mêmes réductions. L’adhésion aux Amis de l’Opéra Royal inclut ladite carte (renseignements : amisperaroyal@gmail.com). Il n’y a pas d’offres de dernière minute officielle : on pourra trouver des bonnes affaires chez les soldeurs professionnels comme ventes-privées.com. Hors têtes d’affiche prestigieuses, la salle n’est jamais pleine.
Le système de réservation par Internet est paramétré pour fourguer les plus mauvaises places en priorité. Vous avez tout intérêt à utiliser la réservation par téléphone ou à surveiller régulièrement le remplissage avant d’acheter vos places.
Anecdote : Abandonnée, la salle fut rouverte sous Louis-Philippe, mais repeinte en rouge. Elle fut une première fois restaurée dans les années 20 grâce au mécénat de John Davison Rockefeller Junior, fils du fondateur de la Standard Oil dont la générosité se répandit sur tout le domaine royal. En 1957, pour recevoir la reine Elizabeth II d’Angleterre, les faux marbres peints durent reconstitués, ainsi que le velours bleu, grâce à un fragment miraculeusement retrouvé dans la fosse du souffleur. Les machines de scène furent détruites : seules celles du Théâtre de la Reine ont été conservées.
Vestiaire, bars et parties communes : Le contrôle de sécurité par portique a lieu dès l’entrée. Vous trouverez immédiatement sur la gauche un vestiaire gratuit, en face de l’entrée de la Chapelle Royale où certains concerts sont donnés. Un peu plus loin dans la Galerie de Pierre, vous trouverez un bar sur la droite proposant des rafraichissements et un peu de restauration : il peut être intéressant de choisir une place VIP incluant programme et Champagne. Votre coupe est alors remise contre un coupon fourni avec la place, et le programme sur présentation de votre billet. Le programme est commun à divers spectacles en cours et il y a donc plusieurs éditions durant la saison : il peut être inutile d’acheter le programme pour un second spectacle proche du premier, car ce pourrait être le même.
Les toilettes : Les toilettes sont nombreuses, bien équipées, mais situées au sous-sol.
Le bémol : Le confort est très relatif : à part quelques chaises chichement distribuées, les sièges sont essentiellement composés de banquettes où les spectateurs sont tellement tassés que parfois les ouvreurs eux-mêmes se demandent où placer un retardataire. Des coussins réhausseurs sont proposés aux personnes qui en ont effectivement besoin (sur la droite, immédiatement après le contrôle des billets).
Le dièse : La possibilité de voir ou d’entendre des ouvrages rares, généralement parfaitement montés, en compagnie d’un public souvent enthousiaste, et dans un cadre unique.
Accessibilité : Les véhicules d’une carte PMR (Personne à Mobilité Réduite) ont la possibilité de se garer à l’intérieur de la cours d’honneur, pas trop loin de l’entrée, ou au moins de faire un dépose-minute. Pour les autres, il faudra franchir à pied la grande cour d’honneur en pente et aux pavés peu complaisants : un service de chaise à porteur apporterait une couleur locale bienvenue. Une fois arrivé devant l’entrée, votre périple n’est pas terminé puisqu’il faut parcours toute la Galerie de Pierre basse Nord pour arriver jusqu’à la salle. Un ascenseur peut toutefois vous amener jusqu’au niveau de l’orchestre ou descendre au niveau des toilettes. Pour un accès en chaise roulante, il faut rentrer par la porte B qui vous amène au niveau des toilettes. L’ascenseur vous amène au niveau bas de la salle : il faut acheter une place PMR (par téléphone). Il n’y a aucun moyen d’accès pour desservir les autres niveaux : un léger excès de zèle quand on voit le laxisme de certains architectes. Chaque année, un festival d’été, les Fêtes Royales, vient compléter la saison : en ce qui concerne les événements purement musicaux, sa programmation ne diffère pas fondamentalement de celle de la saison normale, avec un nombre plus important de spectacles toutefois.
Accès : Le Château de Versailles est bien desservi par les transports en commun locaux. En revanche, pour les spectateurs parisiens, l’angoisse de manquer le dernier train est bien réelle (dernier RER C à 23h55, à 20 minutes de marche une fois passée la cohue de sortie) et certains quittent le spectacle avant la fin. Pour les plus sportifs, il est possible de revenir en Vélib’, d’autant que c’est en descente jusqu’à Paris ! En voiture, l’autoroute est généralement dégagée : le public de l’ouest parisien mettra moins de temps pour venir à Versailles que pour se rendre à Bastille ou à la Philharmonie, et avec moins d’aléas (parking gratuit sur la place d’Armes).
Boutique : La boutique du Château est fermée aux heures des spectacles, mais un étal propose une sélection de CD et DVD en rapport avec le concert du jour, sur le modèle de ce qui se pratique au Théâtre des Champs-Elysées. Il n’est pas rare que les artistes de la distribution viennent dédicacer leurs enregistrements à l’issue du spectacle.
Où dîner a proximité ? Versailles, c’est une ville tranquille : vous trouverez difficilement un restaurant ouvert après le spectacle, qui finit généralement après 23h30.
Où dormir à proximité ? Voilà une drôle de question ! Si vous devez rester plusieurs jours sur place pour visiter le Château de Versailles entre deux représentations, vous pouvez contacter l’Office du Tourisme, mais si vous avez loupé le dernier train, vous ne trouverez pas de pont sous lequel dormir …