En cette première quinzaine de décembre, le Festival 12X12, qui a proposé douze événements culturels gratuits dans différents lieux du XIIe arrondissement de Paris, s’achevait avec l’Isola disabitata de Joseph Haydn, programmée en partenariat avec StudiOpéra.
Créée au Palais Esterhazy en 1779, cette « action théâtrale » composée sur un livret de Metastase met en scène deux couples, l’un qui se retrouve, l’autre qui se rencontre, dans le cadre exotique d’une île déserte où les deux femmes se sont retrouvées abandonnées pendant treize ans à l’issue d’un fâcheux concours de circonstances. La brièveté de l’œuvre (1h20 environ) et son petit format (quatre solistes) se prêtent bien à l’exécution chambriste qui a été offerte au public du Théâtre Traversière ce 13 décembre : la mise en scène signée Elisabeth Navratil souligne, dans décor abstrait laissant deviner quelques rochers sur une plage, la vivacité des longs récitatifs dans lesquels Haydn montre une verve théâtrale et une inventivité qui peuvent annoncer les futurs chefs-d’œuvre de Mozart.
Dans la fosse, pas d’orchestre mais un ensemble chambriste placé sous la direction de Vincent Laissy, qui assure également, du piano, l’accompagnement des récitatifs. On peut y perdre en impact et en couleurs, mais on y gagne, en guise de transition avant le final, un bel extrait du 45e Trio de Haydn. Sur scène enfin, les solistes rivalisent d’enthousiasme et constituent de belles découvertes : la plénitude vocale de Marion Vergez-Pascal s’accorde parfaitement au timbre clair et à l’expressivité du ténor Jordan Mouaïssia, tandis que l’autre couple de la soirée apporte, non seulement une touche de vis comica dans une pure tradition marivaudienne, mais aussi et surtout la voix bien projetée de Lisa Chaïb-Auriol et l’agilité d’Olivier Cesarini. Encore mal connue, L’isola disabitata ainsi servie n’a pas manqué de convaincre !