Cet été, le festival de Salzbourg donnera à entendre la Jeanne d’arc de Walter Braunfels (1882-1954), le compositeur lyrique le plus joué en Allemagne après Richard Strauss pendant l’entre-deux-guerres. Contemporain de l’opéra Les Oiseaux (1920), son Te Deum est aujourd’hui reproposé dans une version historique par le label Acanta. En 1952, Günter Wand, qui avait été l’élève de Braunfels, dirigeait l’orchestre du Gürzenich de Cologne depuis cinq ans. En 1952, Leonie Rysanek n’avait que 26 ans ; elle venait de chanter Sieglinde au festival de Bayreuth rouvert l’année précédente. C’est donc un des tout premiers témoignages de son art qu’on découvre ici, mais la voix est déjà telle qu’on la connaîtrait par la suite : onctueuse, presque à l’excès, manquant souvent de netteté dans la ligne, mais sachant s’élancer par-dessus la masse de l’orchestre et du chœur, pleine de chaleur et d’émotion dans ses aigus soudain dardés, vibrants d’une ferveur émerveillée, particulièrement bienvenue dans une œuvre vouée à louer du Seigneur. Le ténor Helmut Melchert, pour sa part, devait par la suite participer à toutes sortes de créations (Le Prince de Hombourg et Les Bassarides de Henze, Les Diables de Loudun de Penderecki, etc.). Pour sa voix, le démarrage semble très laborieux, mais peut-être cette impression est-elle à mettre en partie sur le compte de la prise de son : après des débuts très cotonneux, la qualité devient bien meilleure une fois passé la (longue) première partie, mais nos oreilles sont aujourd’hui habituées à une bien plus grande netteté dans la définition des plans sonores. C’est la raison pour laquelle on recommandera cet enregistrement avant tout aux inconditionnels de Rysanek, la version moderne dirigée par Manfred Honeck à la tête de l’orchestre symphonique de la radio suédoise (Orfeo 2004) étant nettement préférable pour un premier contact.
Walter Braunfels, Te Deum, op. 32, Leonie Rysanek, Helmut Melchert, Gürzenich Chor, Kölner Rundfunk-Sinfonieorchestre, direction musicale Günter Wand, enregistré à Cologne en 1952. 1 CD Acanta 0709399 9 – 56’24