Tous ne succombèrent pas mais tous en furent frappés. Après Joseph Calleja et Mario Lanza, Cecilia Bartoli et Maria Malibran, Joyce DiDonato et Isabella Colbran, Vivica Genaux et Faustina Bordoni (la liste est trop longue pour la reproduire ici), voici Piotr Beczala et Richard Tauber (1891-1948). En rejoignant le label Deutsche Grammophon, le ténor que l’on n’attendait pas (en référence à un article que nous lui consacrions en janvier 2012) ne s’est pas contenté de se faire pousser la barbichette, il sacrifie à la mode du moment : le récital discographique en forme d’hommage à un grand chanteur du passé. Ici Richard Tauber donc, interprète fétiche de Franz Lehár (1870-1948) qui composa à son intention ses plus belles mélodies (baptisées opportunément « tauber-lied »), dont le fameux « Dein ist mein ganzes Herz » (je t’ai donné mon coeur) qui donne son nom à ce nouvel album. Des pages signées Robert Stolz (1880-1975), Rudolf Sieczynski (1879-1952), Emmerich Kálmán (1882-1953), entre autres, complètent un programme qui a, au moins, le mérite de l’originalité. Lukasz Borowicz dirige, Anna Netrebko prête sa voix à « Lippen schweigen »,le fameux duo de Die lustige Witwe, et un montage sonore aussi savant qu’improbable réunit Piotr Beczala et Richard Tauber autour de « Du bist die Welt für mich ». Pour juger de la connexité des deux ténors, il faudra patienter jusqu’au 3 juin, date officielle de sortie de l’album. En attendant, la seule chose que l’on peut dire, c’est que l’on aime mieux Piotr Beczala sans barbichette. [Christophe Rizoud]