Raquel Andueza et l’ensemble La Galania donnaient ce mardi 2 novembre à la Salle Cortot (Paris) un récital consacré au baroque espagnol à l’occasion de la sortie de leur album Yo soy la locura 2. Rendons grâce à ces artistes d’explorer un répertoire réellement délaissé alors que ses oeuvres témoignent d’un véritalbe style local, surtout au XVIIIe siècle, le temps pour le lyrique espagnol de passer des tréteaux aux ors de l’opéra, du madrigal et de la danse à l’aria, comme le prouvent les compositions flamboyantes de Terradellas.
Raquel Andueza choisit ici des airs tantôt anonymes, tantôt de compositeurs oubliés (Henri du Bailly, Juan Hidalgo) et prend un malin plaisir à présenter ceux qui lui tiennent le plus à coeur au public en faisant l’effort de parler français, notamment pour deux reconstitutions (c’était soit le texte qui était perdu, soit la musique). Elle évite ainsi le répertoire lyrique proprement dit pour se concentrer sur l’univers musical, pétri d’influences françaises et italiennes, qui a permis l’emergence d’un opéra espagnol, tandis que les compositions dans le style espagnol fleurissaient déjà depuis quelques déçennies dans ces autres pays.
Raquel Andueza à qui l’on peut reprocher ailleurs son fort accent espagnol, donne ici toute sa saveur aux textes, et compense une projection limitée par un engagement fervent et une mobilité expressive remarquable, surtout dans l’intimité de cette petite salle. L’ensemble La Galania qui l’accompagnait n’est pas pour rien dans la réussite de cette soirée. Dans la même veine que L’Arpeggiata de Christina Pluhar, ils se montrent très attentifs à la précision de leur jeu sans jamais négliger de donner tout leur mouvement à ces danses entrainantes, et ont prouvé leur virtuosité dans des morceaux concertants proprement grisants (pour le violon et les percussions notamment).