A Royaumont, on fait beaucoup de musique, et pas seulement en automne dans le cadre du fameux Festival. Le reste de l’année, la Fondation Royaumont est aussi un lieu de résidence et de travail pour instrumentistes, chanteurs et danseurs. On y trouve notamment un « programme Voix » qui permet à de jeunes artistes de se perfectionner auprès de leurs illustres aînés. Cette année, six chanteurs et deux pianistes ont pu travailler sur les mélodies de Benjamin Britten avec le ténor Ian Bostridge et le pianiste Sebastian Wybrew. Le résultat en a été présenté les 30 mai et 6 juin au Musée d’Orsay. Le second de ces deux concerts de midi permettait d’entendre essentiellement du Britten de jeunesse, la majorité des œuvres ayant été écrites entre 1937 et 1940, avec une incursion dans la maturité (Winter Words, 1953), et une œuvre qui fait le pont entre l’enfance du compositeur et ses dernières années, Tit for Tat, recueil de juvenilia (1928-1931) compilé en 1968. Dans la droite ligne de Peter Pears, Clément Debieuvre possède un timbre qui sied bien à la musique de Britten, mais son timbre de ténor léger a encore le temps de mûrir avant d’aborder des pages plus exigeantes. Chez la soprano américaine Amelia Feuer, on admire un travail de mise en place soigné, mais où l’effort est encore un peu trop perceptible ; le volume sonore, impressionnant, est presque surdimensionné pour les dimensions de l’Auditorium du Musée d’Orsay. Avec Eléonore Pancrazi, ce n’est plus une promesse mais une chanteuse déjà confirmée que l’on entend, qui met ses superbes couleurs de véritable mezzo au service de « The last rose of summer » ou du toujours payant « Tell me the truth about love », interprétés avec le même naturel confondant. Les trois chanteurs trouvent en Madoka Ito une pianiste apte à faire valoir l’originalité d’une écriture déjà remarquable même chez le tout jeune Britten.
The Ceremony of Innocence, concert Britten donné par les lauréats de la Fondation Royaumont, Musée d’Orsay, mardi 6 juin, 12h30