Au printemps 1843, l’Opéra de Paris passe commande à Donizetti d’un nouvel opéra, qui doit épouser les canons du grand opéra à la française, avec force scènes spectaculaires et ballet. Scribe lui tricote un livret à partir d’une pièce de Paul-Henri Foucher, Dom Sébastien de Portugal, qui raconte l’histoire de ce roi, disparu lors d’une campagne contre les Maures en 1578 et dont le mythe est resté tenace au Portugal. Sa mort avait ouvert la voie à la domination espagnole sur le pays, jusqu’à la Restauration de 1640.
Donizetti compose la partition parallèlement à celle de Caterina Cornaro et éprouve quelques difficultés à l’achever. C’est le dernier opéra complet composé par Donizetti avant que les ravages de la syphilis ne viennent ronger ses forces et sa raison. La création aligne quelques stars dont Rosina Stolz en Zaïde et Gilbert-Louis Duprez dans le rôle titre. L’oeuvre remporte un vif succès public mais reste boudée par la critique et disparaîtra rapidement des affiches où elle ne revient que timidement depuis quelques décennies.
C’est fort dommage car c’est une partition très attachante, dans laquelle on ne trouve pas seulement le célèbre tube pour ténor « Seul sur la terre », mais bien d’autres moments remarquables comme, par exemple, cette superbe marche funèbre, qui inspirera Gustav Mahler un peu plus tard. Le chœur et l’orchestre de l’opéra de la ville de New York sont dirigés ici par Eve Queler, dans un son malheureusement très perfectible.