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Un jour, une création : 4 février 1864, Offenbach, c’est du sérieux.

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4 février 2019
Un jour, une création : 4 février 1864, Offenbach, c’est du sérieux.

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On sait bien aujourd’hui, a fortiori à l’occasion de son bicentenaire, qu’Offenbach n’est pas seulement un amuseur auteur de partitions séduisantes mais légères. Les Contes d’Hoffmann , mais aussi Fantasio par exemple, montrent que le « Mozart des Champs-Elysées » selon l’expression de Rossini, est un compositeur d’une toute autre envergure. En 2002, grâce au travail de fourmi de Jean-Christophe Keck et au festival de Montpellier, c’est un opéra romantique qui revoit le jour, Les Fées du Rhin, en langue allemande (Die Rheinnixen).

Cette œuvre, dont Offenbach réemploiera quelques pages – et tout particulièrement la fameuse barcarolle, qui en constitue l’ouverture –, est commandée en 1863 par le Hofoperntheater de Vienne. La musique d’Offenbach est alors très prisée par les Autrichiens. Ecrire un opéra en allemand peut paraître assez évident pour le compositeur, né à Cologne. Mais, il ne veut pas se lancer dans cette aventure et propose à l’un de ses librettistes fétiches, Charles Nuitter, de lui réaliser un livret en français, qui sera ensuite traduit dans la langue allemande par Alfred von Wolzogen, poète de Breslau. 

L’argument de l’opéra, qui lorgne vers le Grand Opera, se situe en Allemagne, pendant une guerre qui pourrait être celle de Trente Ans. La forteresse du comte de Sickingen est assiégée par les lansquenets palatins conduits par Wenckheim. Parmi eux,  Franz Waldung, a été blessé et a perdu depuis la mémoire. Il ne reconnaît donc pas l’endroit où bivouaquent les lansquenets, une ferme où vivent Hedwige et sa fille Armgard, son amour d’autrefois. Les lansquenets la tourmentent et l’obligent à chanter et à danser jusqu’à l’épuisement. Elle s’effondre comme morte, ce qui « réveille » Franz. Alors que Wenckheim rassemble ses troupes pour attaquer le lendemain et force Gottfried, un chasseur fidèle à Sickingen, de les conduire à travers la forêt, ce dernier les mène au rocher des elfes, où il espère que le chant de ces derniers va envouter les lansquenets. Armgard, à peine remise de ses tourments, court au rocher pour se mêler aux elfes et sauver Franz de ce charme magique funeste. Ce qu’elle ignore, c’est que sa mère Hedwige veut, elle, se venger de Wenckheim qui lui avait jadis promis le mariage et qui lui avait fait un enfant avant de les abandonner. Cet enfant, c’est bien sûr Armgard. Dans une certaine confusion où se mélangent rêve et réalité tandis que le chant des elfes et des esprits du Rhin s’élève, Wenckheim renonce à faire la guerre et tout est bien qui finit bien pour tous. C’est souvent très mièvre et tiré par les cheveux, mais pas moins que bien des livrets de l’époque.

On pense souvent qu’Offenbach devait être un créateur plutôt agréable et avenant, toujours prêt à rire, mais c’est en fait un angoissé, qui vit mal les carences ou retards de ses librettistes et qui tourmente beaucoup ses interprètes, qu’il fait répéter inlassablement. Si bien que la construction de la partition des Fées du Rhin, assez désordonnée et qui donne lieu à des échanges de correspondances assez tendus, lui prendra beaucoup de temps. Finalement, il y parvient et les répétitions peuvent commencer seulement à la mi-janvier 1864 à Vienne. La partition est vite jugée trop longue. Offenbach sort donc les ciseaux. Le ténor qui doit chanter Frantz, Ander, qui souffre de problèmes psychiques, ne peut apprendre tout le rôle du héros, ce qui oblige à réduire encore, au point que l’œuvre ne fera plus que 3 actes au lieu de 4 et seulement 2 heures au lieu du double, le tout avec pas mal d’incohérences dans le texte. La première est pourtant triomphale, voici 155 ans aujourd’hui. Dix représentations suivront. Mais la presse éreinte l’œuvre, sous l’influence de Wagner, qui déteste Offenbach. Si bien qu’elle tombe très vite dans un oubli difficilement compréhensible aujourd’hui, avec une réputation de médiocrité qu’elle ne mérite pas. Jugez plutôt cet air de Frantz, « Überall  stille », au premier acte, surtout lorsqu’il est chanté par Piotr Beczala, qui faisait en 2002 partie de l’équipe qui a resscuscité l’oeuvre d’Offenbach à Monptpellier qux côtés de Regina Schörg, Nora Gubisch et Dalibor Jenis, sous la baguette de Friedemann Layer.

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