Forum Opéra

The House Taken Over — Aix-en-Provence

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
13 juillet 2013
Huis clos angoissé sous les platanes

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Vasco MENDONÇA

The House Taken Over
Opéra en trois actes
Livret de Sam Holcroft d’après la nouvelle Casa Tomada de Julio Cortázar
créé à Aix-en-Provence au Domaine du Grand Saint-Jean le 6 juillet 2013

Mise en scène
Katie Mitchell
Scénographie
Alex Eales
Dramaturgie
Lyndsey Turner
Costumes
John Bright
Lumière
James Farncombe

Brother
Oliver Dunn
Sister
Kitty Whately

Ensemble instrumental Asko I Schönberg
Direction musicale
Etienne Siebens

Domaine du Grand Saint-Jean, Aix-en-Provence le 13 juillet 2013 à 22h00

 

C’est dans le cadre idyllique du Domaine du Grand Saint-Jean, vieux bâtiment du XVIIe siècle, bâti au milieu de plusieurs centaines d’hectares plantés de platanes centenaires et reconverti en lieu culturel depuis une douzaine d’années, que le jeune compositeur portugais Vasco Mendonça présente à Aix son premier opéra. Ce fait même est en soi une consécration, pour un si jeune compositeur (il est n’a pas quarante ans), ancien musicien de l’Académie Européenne de Musique, qu’on avait jusqu’ici plutôt associé à la musique instrumentale. L’œuvre a pour point de départ une nouvelle de Julio Cortázar intitulée Casa Tomada (littéralement : la maison envahie), dont la dramaturge anglaise Sam Holcroft, jeune auteur de nombreuses pièces à succès outre-manche, a tiré un livret simple et efficace. Malgré les sources clairement latino-américaines du livret, le compositeur et elle ont choisi la langue de Shakespeare, sans doute pour donner un caractère plus universel à leur propos. Un frère et une sœur célibataires, plus tout à fait jeunes, vivent ensemble dans la maison que leur ont laissée leurs parents, qu’ils entretiennent de façon rituelle et compulsive. Une menace mal identifiée – cambrioleurs, révolutionnaires, phénomènes para-normaux ou ennemi imaginaire, on ne sait – plane sur cette vie bien organisée, qui les pousse à restreindre progressivement leur cadre de vie jusqu’à le quitter la mort dans l’âme, vers une nouvelle vie d’angoisses. Cette trame excellente – elle comprend à la fois une tension dramatique croissante, des éléments surnaturels ou oniriques et d’intéressants aspects psychologiques – mais assez mince, peine une peu, hélas, à faire tout un opéra. La présence de deux personnages seulement, le petit nombre de rebondissements – le choix se limite à partir ou résister – et les abondantes répétitions, étonnantes vu la très courte durée de la pièce, laissent le spectateur sur sa faim. La composition musicale, très élaborée dans sa partie instrumentale qui joue principalement sur la variété des timbres, sollicitant chacun des 13 musiciens – dont certains jouent plusieurs instruments – aux limites de leurs possibilités, semble nettement moins imaginative pour les parties vocales : deux timbres médians (une mezzo et un baryton), utilisés presque exclusivement dans le médium, peu de relief, peu de lyrisme et surtout pas assez de volume pour passer au dessus de l’ensemble instrumental, quant à lui particulièrement fourni et sonore. Le texte est ainsi relégué au second plan, ce qui est regrettable pour une pièce qui est essentiellement une conversation mise en musique et dont la vocalité se rapproche souvent d’un texte parlé. Le kaléidoscope musical qui traverse toute l’œuvre manque aussi sans doute de diversité pour stimuler l’imaginaire de l’auditeur; et si la trame de l’écriture tente d’épouser, par un rythme de plus en plus soutenu et une structure de plus en plus serrée, l’intensité dramatique du livret, l’effet global reçu par le spectateur n’est pas entièrement convainquant.

 
C’est donc à la mise en scène qu’on doit l’essentiel du relief du spectacle : Katie Mitchell, dont nous avions déjà apprécié le talent l’an dernier dans l’exceptionnel Written on Skin de George Benjamin, a beaucoup travaillé la relation entre les deux protagonistes et l’ambiguïté de la menace qui pèse sur eux, comme une peur enfantine ressurgie à l’âge adulte. Elle réussit parfaitement à rendre l’atmosphère d’un huis clos pesant et pourtant familier, tout à coup mystérieusement menacé, et l’angoisse des deux personnages confrontés tant à leur imaginaire qu’à cette menace. Le très beau décor d’Alex Eales contribue lui aussi à donner sens à la partition, campant à la fois le milieu et l’époque du drame par quelques touches simples, évoquant un univers à la Edward Hopper sur lequel le temps n’aurait pas prise.

Si on doit souligner l’énorme travail accompli par le chef Etienne Siebens et ses musiciens, très familier des partitions contemporaines, et le beau résultat instrumental obtenu, on regrettera que les voix n’aient pas mieux trouvé leur place dans l’ensemble. Tant Oliver Dunn que Kitty Whately, malgré une excellente diction anglaise, peinent à passer au dessus de l’orchestre (est-ce un effet du plein air ?) de sorte qu’un effort permanent est demandé au spectateur qui veut suivre le texte. La partition leur donne peu l’occasion de briller vocalement, ni séparément ni ensemble. Leur talent de comédien, bien réel, est lui largement sollicité avec un excellent résultat.

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Vasco MENDONÇA

The House Taken Over
Opéra en trois actes
Livret de Sam Holcroft d’après la nouvelle Casa Tomada de Julio Cortázar
créé à Aix-en-Provence au Domaine du Grand Saint-Jean le 6 juillet 2013

Mise en scène
Katie Mitchell
Scénographie
Alex Eales
Dramaturgie
Lyndsey Turner
Costumes
John Bright
Lumière
James Farncombe

Brother
Oliver Dunn
Sister
Kitty Whately

Ensemble instrumental Asko I Schönberg
Direction musicale
Etienne Siebens

Domaine du Grand Saint-Jean, Aix-en-Provence le 13 juillet 2013 à 22h00

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle