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L’heure exquise — Bruxelles (La Monnaie)

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Spectacle
2 mars 2015
Beaucoup de voix, pas tout à fait assez de poésie

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Garbiel Fauré (1845 – 1924)

Cinq mélodies de Venise (Paul Verlaine) op.58

Mandoline

En sourdine

Green

A Clymène

C’est l’extase

Reynaldo Hahn (1874 – 1947)

Trois jours de vendange (Alphonse Daudet) – extrait de Vingt Mélodies n°9

Offrande (Paul Verlaine) – extrait de Vingt Mélodies n°8

D’une Prison (Paul Verlaine) – extrait de Vingt Mélodies n°16

L’Heure exquise (Paul Verlaine) – extrait de Chansons grises n°5

Fêtes galantes (Paul Verlaine) – extrait de Vingt Mélodies n°11

Charles Koechlin (1867 – 1950)

Menuet (Fernand Gregh) op. 5/2

La pêche (Théodore de Bainville) op.8/1

La lune (Théodore de Bainville) op.8/4

L’hiver (Théodore de Bainville) op.8/2

Si tu le veux (Maurice de Marsan) op.5/3

Franz Schubert (1797 – 1828)

An der Donau (Johann Baptist Mayrhofer) D.553

Das sie hier gewesen (Friedrich Rückert) D.775

Die Forelle (Christian Friedrich Daniel Schubart) D.550

Die junge Nonne (Jakob Nikolaus von Craigher de Jachelutta) D.828

Hugo Wolf (1860 – 1903)

Extraits de l’Italienisches Lierderbuch (Paul Heyse)

Auch kleine Dinge n°1

Du denkst mit einem Fädchen n°10

Mein Liebster singt n°20

Wohl kenn ich Euren Stand n°29

Sergei Rachmaninov (1873 – 1943)

O net, molyu, ne ukhodi ! (Dmitri Sergeyevich Merezhkovsky) op.4/1

Utro ! (M.L Yanov) op.4/2

Ne poy, krasavitsa pri mne (Alexander Sergeyevich Pouchkine) op.4/4

Ostrovok (Percy Bysshe Shelley) op.14/2

V molchan’i nochi taynoy (Afanasy Afanas’yevich Fet) op.4/3

Marie-Nicole Lemieux, Contralto

Roger Vignoles, Piano

Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles, lundi 2 mars 2015, 20h

Un peu engoncée dans une robe de dentelle noire trop ajustée, le chignon roux incandescent et le sourire radieux, Marie-Nicole Lemieux fait sensation dès son entrée sur la scène de la Monnaie. Le public bruxellois la considère comme sa filleule, depuis qu’elle a remporté en 2000 le premier prix du Concours Reine Elisabeth ; elle même se sent ici un peu chez elle et un profond climat de sympathie réciproque s’empare de la salle dès le début du récital.

C’est un impressionnant programme qu’elle a réuni sous le titre L’heure exquise : outre des mélodies françaises de Fauré, Hahn et Koechlin bien en ligne avec l’intitulé, elle présente en deuxième partie des lieder de Schubert et Wolf, puis des mélodies de Rachmaninov, confrontant ainsi plusieurs esthétiques, plusieurs styles et plusieurs époques.

Sa voix est une pure merveille : chaude, sensuelle, parfaitement libre, généreuse, d’une grande homogénéité, elle affronte le piano grand ouvert sans jamais chercher la confrontation, domine avec aisance toutes les difficultés techniques et déploie une agréable palette de couleurs, qu’elle utilise intelligemment en rapport avec le texte. Son excellent contact avec le public, qu’elle défie d’un regard clair et volontiers gouailleur, lui assure l’attention bienveillante de chacun et instaure un climat décontracté, sans grand souci de formalisme, un peu inhabituel pour un récital de mélodies.

De Fauré, Marie-Nicole Lemieux a une vision un peu agitée, peu propice à l’épanouissement de la poésie de Verlaine, malgré une grande attention à la diction française. La voix serait-elle trop généreuse pour exprimer l’intimité et la sensualité contenue des Mélodies de Venise, ou est-ce plutôt une approche trop littérale, premier degré du texte qui nuit un peu à l’épanouissement poétique du cycle ?

Dès qu’on aborde des textes plus narratifs, toutes les qualités qu’on a décrites plus haut se soumettent très efficacement à la partition ; les mélodies de Hahn bénéficient d’un climat idéal, avec peut-être un peu trop d’affectation dans L’heure exquise. Koechlin est une heureuse découverte pour beaucoup de connaisseurs, qui goutent aux délices un peu surannées des glissandi du piano dans L’hiver et au côté gentiment coquin de Si tu veux. L’ensemble est de haut niveau, même si le tempérament généreux de la chanteuse, manifestement idéal pour la comédie ou la grande tragédie, se trouve un peu à l’étroit dans la veine poétique : par ses mimiques expressives, sa théâtralité assumée, dans les gestes comme dans la voix, elle ne trouve pas la juste distance qu’il faudrait pour faire ressortir la poésie du texte avec toute la sensibilité souhaitable.

En deuxième partie, le récital nous plonge d’abord dans le monde germanique, et plus particulièrement autrichien de Schubert. Peu de différenciation stylistique avec le répertoire français cependant : les textes sont mimés avec humour et réalisme, ou avec pathos, là où plus de discrétion, de sobriété et de distance permettraient une vision moins subjective et plus universelle, que Roger Vignoles tente de suggérer au piano cependant.

Les miniatures de Wolf sont très réussies : la chanteuse parvient sans peine à instaurer en quelques notes le climat adéquat, aidée en cela par son pianiste subtilement ironique lui aussi, pour un résultat très convainquant.

Dans les épanchements lyriques de Rachmaninov et le caractère excessivement romantique de la poésie russe, la voix trouve enfin un terrain à sa mesure : Utro et Ostrovok en particulier sont magnifiquement aboutis.

A Chloris (Hahn), Villanelle (Berlioz) et An die Musik (Schubert) seront donnés successivement en bis, ce dernier avec une concentration et une sobriété idéales, presque miraculeuses, qu’on aurait aimées plus présentes dès le début de la soirée. A l’issue du récital, on se dit qu’avec tant de moyens vocaux, une personnalité aussi riche et sympathique, il manque peu de choses à Marie-Nicole Lemieux pour faire une chanteuse de lieder de tout premier plan.  Ce peu tient en quelques mots : sobriété, second degré, distance, poésie.

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Garbiel Fauré (1845 – 1924)

Cinq mélodies de Venise (Paul Verlaine) op.58

Mandoline

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Green

A Clymène

C’est l’extase

Reynaldo Hahn (1874 – 1947)

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Menuet (Fernand Gregh) op. 5/2

La pêche (Théodore de Bainville) op.8/1

La lune (Théodore de Bainville) op.8/4

L’hiver (Théodore de Bainville) op.8/2

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Utro ! (M.L Yanov) op.4/2

Ne poy, krasavitsa pri mne (Alexander Sergeyevich Pouchkine) op.4/4

Ostrovok (Percy Bysshe Shelley) op.14/2

V molchan’i nochi taynoy (Afanasy Afanas’yevich Fet) op.4/3

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Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles, lundi 2 mars 2015, 20h

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