Le succès d’un opéra repose – on le sait – sur une alchimie complexe où le chant, la musique, le théâtre occupent une place prépondérante parmi d’autres paramètres moins tangibles. S’il est rare que toutes les planètes s’alignent, il est aussi peu fréquent qu’aucune ne soit dans l’axe. Tel est pourtant le cruel constat qui s’impose à l’issue de cette représentation d’Attila à Parme.
Sauf à vouloir légitimer l’image du critique fielleux, à quoi bon lister les multiples réserves suscitées par une équipe artistique submergée par les enjeux de l’ouvrage. Que le livret soit faible et la partition inchantable, nul ne le niera. L’ouvrage valut à Verdi sa réputation de fléau des voix. Odabella est dotée d’une des vocalités les plus insenseées du répertoire mais est-ce rendre service à Maria-José Siri que saluer son courage suicidaire ? Pourquoi Francesco Demuro, égaré en Foresto, s’obstine-t-il à chanter des rôles dont il n’a pas l’envergure ? Roi des Huns, chef glorieux, digne héritier du Mosé de Rossini, Attila est-il le patriarche bonhomme proposé par Riccardo Zanellato ? Même l’intrépide Vladimir Stoyanov se heurte à l’héroïsme d’Ezio dans sa grande scène du deuxième acte. L’accident est évité de justesse.
© Roberto Ricci
Avec son absence de décor, ses éclairages blêmes, ses costumes en loques et ses rideaux qui tombent comme ailleurs les portes claquent, la mise en scène d’Andrea De Rosa paraît si plate qu’on en vient à regretter les outrances du regietheater.
A refuser de prendre parti, la direction musicale de Gianluigi Gelmetti est de celles qui s’étiolent en un filet d’eau tiède. Si l’on ne cède pas à l’exaltation mélodique, si l’on n’accuse pas les changements de climats, si l’on n’assume pas le fracas rythmique d’un opéra résolument patriotique, que reste-t-il ? Le chœur du Teatro Regio auquel la partition offre plusieurs occasions de faire valoir sa formidable cohésion. Maigre consolation.