Forum Opéra

Maria de Buenos Aires — Rennes

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
11 juillet 2020
Tangus Dei (streaming)

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra-tango créé en mai 1968 sur un livret d’Horacio Ferrer et une musique d’Astor Piazzolla

Détails

Chorégraphie, décors

Matias Tripodi

Assistante à la chorégraphie

Xinqi Huang

Maître de ballet

Claude Agrafeil

Costumes

Xavier Ronze

Lumières

Romain de Lagarde

Photographies (projections scéniques)

Claudio Larrea

Maria

Ana Karina Rossi

Ténor

Stefan Sbonnik

El Duende

Alejandro Guyot

Ballet de l’Opéra National du Rhin

Direction

Bruno Bouché

Orchestre Symphonique de Bretagne

Direction musicale

Nicolas Agullo

Rennes, jeudi 2 janvier, 20h

A l’occasion de la rediffusion en streaming de Mario de Buenos Aires  (visible jusqu’au 14 novembre 2020), nous vous proposons de retrouver ci-après le compte rendu de la représentation du 02 janvier 2020. Il s’agissait de la reprise rennaise de la nouvelle production de Strasbourg .


Avec son programme « Diva du Monde », l’Opéra de Rennes sensibilise depuis des années son public à d’autres lyrismes, d’autre vocalités. Une nouvelle étape se trouve brillamment franchie aujourd’hui avec l’opéra-tango d’Astor Piazzolla, Maria de Buenos Aires.

Le ballet de l’Opéra du Rhin s’est entouré d’artistes argentins, installés en France pour la plupart, afin de retracer le destin de Maria, ouvrière, chanteuse, prostituée et ombre errante de la capitale argentine.

Bruno Bouché, directeur artistique, a confié la chorégraphie à Matias Tripodi, spécialiste du tango marqué par son passage chez Pina Bausch et par l’influence d’Anne Teresa de Keersmaeker. L’artiste a choisi de creuser la voie ouverte par Piazzolla en débarrassant son ballet des clichés du tango, n’en conservant que quelques échos, transposant les mouvements traditionnels du bas du corps dans les bras… Il compose une partition qui ne se revendique aucunement révolutionnaire mais se révèle remarquablement prenante et sensible. Les corps se cherchent, s’effleurent, s’unissent pour mieux se déprendre. Les danseurs s’approprient merveilleusement ce vocabulaire, ne cédant jamais à l’outrance, imposant leur présence dense et puissante jusque dans de très beaux passages silencieux.

Les costumes de Xavier Ronze tout en fluide sobriété comme les délicates lumières de Romain de Lagarde, subliment les corps contribuant grandement à la poésie de l’ensemble tandis que la scénographie souligne ce parti pris tout en épure avec le même raffinement. Sur le plateau blanc se détachent les chaises, clin d’œil peut-être à Rosas de Anne Teresa de Keersmaeker ; des feuilles noires envahissent peu à peu l’espace comme un texte rendu illisible car contaminé par la mort omniprésente.


©Agathe Poupeney

Des projections photographiques évoquent le ballet Rendez-Vous de Roland Petit et son inexorable destin avec cette particularité que toutes les perspectives sont de guingois voire renversées dans un monde qui a perdu le nord.

D’ailleurs, l’histoire de Maria n’est que prétexte à une évocation plus large. La jeune femme est une figure allégorique ; elle est métonymie du tango qui disparait avant de renaitre de ses cendres, de la ville Buenos Aires, voire du peuple argentin tout entier dans ses humiliations et ses révoltes. Aussi la chorégraphie s’attache-t’elle assez peu à la stricte narration, comme l’y invite d’ailleurs le très beau texte, puissamment poétique du poète Horacio Ferrer qui file de complexes métaphores, faisant même de Maria l’incarnation de la Vierge.

Maria elle-même est interprétée à la fois par une sublime danseuse qui contemple l’agitation du monde avant d’en être la victime expiatoire, par deux danseuses en noir et blanc, comme les deux faces d’un même affect, par le corps de ballet tout entier qui décline tous les possibles émotionnels ou surtout par l’intense chanteuse Ana Karina Rossi. Cette dernière a travaillé avec Piazzolla comme avec Ferrer. De formation lyrique, elle utilise ici principalement la voix de poitrine et si la sonorisation est parfois indispensable pour la soutenir, habitée par le rôle, elle en offre une interprétation sensuelle et déchirante, à la palette émotionnelle tout à fait remarquable.

Stefan Sbonnik lui donne la réplique dans un registre plus classiquement lyrique. Le ténor allemand, membre de l’Opéra Studio de l’Opéra du Rhin, profite d’un timbre charnu, jamais forcé, aux graves bien campés, aux aigus projetés et couverts. Sa présence prenante, retenue est au diapason de celle d’Alejandro Guyot, formidable récitant tout au long du spectacle, dont il faut louer l’intelligence et la sincérité dans la narration. L’artiste est également chanteur et c’est au cours de la milonga qui suit que l’on apprécie pleinement la richesse de son timbre.

Elégance, intensité, art de l’épure… autant de qualités partagées par tous les interprètes du plateau et que l’on retrouve dans la fosse. Le bandonéon de Carmela Delgado installe un univers captivant tandis que le quintette à cordes s’enrichit d’une flûte, d’un piano et de percussions. L’envoûtement opère dès l’ouverture, tant l’instrumentatrium est utilisé avec sensualité. Les musiciens de l’Orchestre Symphonique de Bretagne suivent avec une jubilation manifeste la direction subtile de Nicolas Agullo toute en contrastes colorés. Le chef argentin, formé également en France, travaille depuis 5 ans au sein de la Cité de la musique. Après la représentation, il troque sa baguette pour une guitare, les chanteurs retrouvent les feux de la rampe et tous invitent le public à danser le tango dans un moment délicieux de simplicité et de générosité. Un réveillon à Buenos Aires… Quel privilège ! Pour juger sur pièce, rendez-vous sur Arte Concert.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra-tango créé en mai 1968 sur un livret d’Horacio Ferrer et une musique d’Astor Piazzolla

Détails

Chorégraphie, décors

Matias Tripodi

Assistante à la chorégraphie

Xinqi Huang

Maître de ballet

Claude Agrafeil

Costumes

Xavier Ronze

Lumières

Romain de Lagarde

Photographies (projections scéniques)

Claudio Larrea

Maria

Ana Karina Rossi

Ténor

Stefan Sbonnik

El Duende

Alejandro Guyot

Ballet de l’Opéra National du Rhin

Direction

Bruno Bouché

Orchestre Symphonique de Bretagne

Direction musicale

Nicolas Agullo

Rennes, jeudi 2 janvier, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle