La Dame blanche broyait du noir. Voilà trois semaines qu’elle était répétée à l’Opéra de Nice, et, vu l’évolution de la crise sanitaire, tout allait s’arrêter.
Bertrand Rossi, directeur de l’Opéra niçois, prit alors la décision d’enregistrer le spectacle, et de le diffuser en streaming, avant une reprogrammation en public la saison prochaine.
La version proposée ne fut pas celle initialement prévue, coproduite par l’Opéra Comique de Paris, mais une version light, intermédiaire entre version de concert et version scénique, sans décor, ramenée à deux heures au lieu de trois, avec un orchestre à effectif réduit placé sur scène, et des chanteurs évoluant devant, en costumes. Les choristes étaient, eux, répartis dans les loges dans la salle.
Chanteurs devant l’orchestre et choristes dans les loges © Photo Opéra de Nice
Dans cette configuration, la chef d’orchestre Alexandra Cravero, tournait le dos aux solistes. Cela ne l’empêcha pas d’assurer la cohésion de l’ensemble.
On a eu droit à un spectacle agréable, dominé par la présence et la voix rayonnante de la jeune colorature Amélie Robins.
A ses côtés, les trois rôles principaux étaient assurés par le ténor Patrick Kabongo, fragile au début, déployant ensuite le charme de sa voix veloutée, la soprano Sophie Marin-Degor, voix agréable et belle présence, le baryton très convaincant Laurent Kubla. La mezzo Marie Kalinine et le baryton Michael Guedj ne furent pas en reste dans ce réjouissant spectacle.
Il y a pourtant un danger dans cette affaire : donner l’impression qu’on pourra se satisfaire, désormais, des productions « allégées ». Une fois que la crise sera passée – … mais quand ? – l’opéra aura besoin d’être redonné dans sa totalité d’art musical, visuel et théâtral.
Pour le moment – et on est bien content ainsi – grâce à cette production, la Dame blanche a pu revoir la vie en rose !