On n’en sort pas ! Chaque fois qu’on ouvre la télévision on voit un médecin sur le plateau. On va à l’Opéra de Tours ? Sur le plateau, à nouveau un médecin ! On est cerné ! Celui-ci s’appelle le docteur Malatesta. C’est le médecin de Don Pasquale.
Vous l’aurez compris, on a assisté à Tours à l’enregistrement du célèbre opéra de Donizetti en vue d’une future diffusion ultérieure en streaming. La salle, bien sûr, était vide. Juste, dans la pénombre, les silhouettes fantomatiques de quelques journalistes, plus celle d’une personnalité représentant les forces d’avenir de la musique à Tours : la nouvelle et efficace directrice du conservatoire, Victoria Ducret. Du coup, l’orchestre avait pris ses aises et était étalé jusqu’au milieu du parterre. Sur scène, deux fauteuils devant un rideau noir : il n’en fallait pas plus pour qu’on ait droit à une mise en scène minimum mais parfaitement efficace.
Le Docteur Malatesta, donc. On ne sait ce que valent ses diagnostics, ce qui est sûr c’est qu’en matière d’opération matrimoniale, il n’est pas terrible ! Il propose à sa sœur d’épouser ce vieux barbon de Don Pasquale. Or Don Pasquale n’a pas le don nuptial ! On ne sait ce que décernerait l’ordre des médecins à celui qui fut l’interprète dudit docteur, Florian Sempey. Mais l’ordre des musiciens peut lui attribuer un 10 sur 10 : il est aussi bon vocalement que physiquement. Un qui partage ces deux mêmes qualités est Laurent Naouri, interprète du rôle-titre. Super Naouri ! Aussi présent que Figaro dans le Barbier : Naouri-ci, Naouri-là ! Naouri a le don du Pasquale. Il chante et nous faire rire. Ris donc Pasquale ! Bref, un succès ! A ses côtés la soprano Anne-Catherine Gillet est très bonne dans la vivacité, l’agilité, la verve, mais moins lorsqu’elle étale ses phrases comme elle le fit dans son premier récitatif et premier air et qu’elle laisse aller son vibrato.
Laurent Naouri en Don Pasquale © Marie Pétry
Le ténor Sébastien Droy, dont on sait qu’il peut se distinguer dans les répertoires baroque ou contemporain, nous a paru, ici, mal à l’aise dans le bel canto. Le spectacle était dirigé par un chef qui a « du métier » et que nous apprécions, Frédéric Chaslin. De la part de l’orchestre, on aurait aimé plus de légèreté, plus de « reprise » (comme on dit en matière de conduite automobile), mais on lui est si reconnaissant de nous avoir fait entendre des musiciens en direct alors qu’on en est tant frustré en ce moment ! Un accord final et la magie retomba.
On alla retrouver la vie quotidienne avec ses docteurs sur les plateaux télé. Au fait, Docteur Malatesta, avez-vous un avis sur Pfizer ou Moderna ? Ca pourrait nous intéresser…