Forum Opéra

Récital de Benjamin Bernheim — Paris (TCE)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
1 octobre 2021
Un peu trop loin des étoiles

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Ernest Chausson

Poème de l’amour et de la mer op. 19 – Cycle de mélodies d’après des poèmes de Maurice Bouchor

Henri Duparc

« Invitation au voyage », op. 114

« La Vie antérieure »

« Phidylé » op. 13 n° 2

Johannes Brahms

« Die Mainacht » op. 43 n° 2

« Dein blaues Auge » op. 59 n°8

« Immer leiser wird mein Schlummer » op. 105 n°2

« Auf dem Kirchlofe » op. 105 n°4

Benjamin Britten

« The Salley Gardens »

« The Last Rose of Summer »

Franck Bridge

« Love went a-riding »

Bis

Francis Poulenc

Voyage à Paris

Jules Massenet

Werther, « Pourquoi me réveiller »

Benjamin Bernheim, ténor

Mathieu Pordoy, piano

Paris, Les Grandes Voix, Théâtre des Champs-Elysées, jeudi 30 septembre 2021, 20h

Ténor en état de grâce, Benjamin Bernheim a choisi d’arcbouter le programme de sa rentrée parisienne sur la mélodie. Le choix, sans concession à la facilité, est courageux mais est-il raisonnable ? Le genre mélodique, né dans l’intimité capitonnée des salons romantiques, a tôt fait de s’étioler lorsqu’il est transposé dans des salles pour lesquelles il n’a pas été conçu. Ainsi, le Poème de l’Amour et de la Mer, dépouillé de ses oripeaux symphoniques, peine à s’épanouir sous le globe de 15 mètres de diamètre du Théâtre des Champs-Élysées – fût-il confié à la plus belle voix du monde. Peut-être aussi parce que l’art de la mélodie, et plus largement du récital, exige davantage que l’excellence vocale : une capacité à dialoguer avec le public, ne serait-ce que par le regard. Happé par les sortilèges d’une musique suffocante, Benjamin Bernheim déambule dans la partition les yeux mi-clos, comme absent, au point de laisser au piano le privilège de la narration. L’odeur exquise des lilas, les feuilles mortes roulées par le vent, la mélancolie qui suinte derrière chaque note s’expriment à travers les doigts virtuoses de Mathieu Pordoy ; le chant, lui, paraît blême à force d’intentions. L’entracte prend par surprise, alors que l’on voudrait qu’une autre page de musique secoue la torpeur dans laquelle cette entrée en matière nous a plongé.


© Olivia Kahler

De retour dans la salle, le lyrisme de Duparc semble davantage de nature à placer la soirée sur orbite. On ne sait qu’admirer : la diction, réglée au millimètre près sur la parole, avec ses consonnes et ses voyelles alignées sans une faute de prononciation ; l’émission sanglée ; l’égalité des registres qui fait que la voix passe sans accroc du grave à l’aigu ; ou la mâle beauté du timbre. La complicité entre le pianiste et le chanteur se traduit après chaque numéro par force sourires, gestes et coups d’œil appuyés. Étrange sentiment que celui de se sentir moins spectateur que voyeur.

Si admirables soient ensuite les quatre Lieder de Brahms, notamment le recueillement céleste de « Immer leiser wird mein Schlummer », l’intérêt retombe. Ni Britten avec une utilisation judicieuse de la voix de tête, ni Bridge ne parviennent à remettre le train de l’attention sur les rails du plaisir.

Les bis devraient alors être le joker qui, en dépit d’une mauvaise donne, permet d’emporter la partie. Las, le « Voyage à Paris » est de trop courte durée pour mettre le feu à des barils qui ne demandent qu’à s’enflammer. L’air de Werther, déroulé comme un ruban avec des demi-teintes exquises et, à l’autre extrémité de l’échelle volumique, des notes supersoniques, n’est pas suivi du troisième bis que le public pourtant appelle à grand renfort d’applaudissements. Un geste de la main écourte les rappels.

Benjamin Bernheim étrennera le rôle de Werther dans son intégralité à Bordeaux en début d’année prochaine. Gageons que cette fois nous ne devrions pas rester sur notre faim.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Ernest Chausson

Poème de l’amour et de la mer op. 19 – Cycle de mélodies d’après des poèmes de Maurice Bouchor

Henri Duparc

« Invitation au voyage », op. 114

« La Vie antérieure »

« Phidylé » op. 13 n° 2

Johannes Brahms

« Die Mainacht » op. 43 n° 2

« Dein blaues Auge » op. 59 n°8

« Immer leiser wird mein Schlummer » op. 105 n°2

« Auf dem Kirchlofe » op. 105 n°4

Benjamin Britten

« The Salley Gardens »

« The Last Rose of Summer »

Franck Bridge

« Love went a-riding »

Bis

Francis Poulenc

Voyage à Paris

Jules Massenet

Werther, « Pourquoi me réveiller »

Benjamin Bernheim, ténor

Mathieu Pordoy, piano

Paris, Les Grandes Voix, Théâtre des Champs-Elysées, jeudi 30 septembre 2021, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle