Non, cette année, les Jeux Olympiques n’ont pas lieu qu’en Chine. Paris a eu aussi son « Olympiade ». Au Théâtre des Champs Elysées.
L’ Olympiade – ou plutôt l’Olimpiade avec un i – est un opéra de Vivaldi. L’Ensemble Matheus et un groupe de solistes de premier ordre nous l’ont donné avec un brio exceptionnel sous forme de concert.
Le chef Jean-Christophe Spinosi obtint de son orchestre une finesse de jeu, une précision dans les attaques, une subtilité dans les trilles, une souplesse dans les traits qui forcèrent l’admiration.
Les chanteurs solistes ne furent pas en reste. Tous firent non seulement briller les airs mais donnèrent aussi un relief considérable aux récitatifs. On ne dit pas assez l’importance des récitatifs. Ils sont les moteurs de l’action. En leur donnant de l’éclat, Spinosi et ses solistes nous entraînèrent dans l’invraisemblable histoire de cet opéra. Et on se laissa faire.
Quelle est cette histoire ? Celle d’une Olympiade dans laquelle le vainqueur épousera la fille du roi, Aristea. Comme le héros Licida aime Aristea mais est nul en sport, il envoie son meilleur ami Megacle concourir à sa place afin de lui ramener la fille. Hélas, comme on peut s’en douter, Megacle tombe amoureux d’Aristea. Belle ambiance au village olympique ! Enfin, rassurez vous, tout s’arrange à la fin…
Pour brouiller les pistes, le héros Licitra est chanté par un homme dans une tessiture féminine (un contre-ténor), son ami et son précepteur, qui sont deux hommes, à n’en point douter, sont chantés par des femmes ; quant à la fille du roi qu’on aurait bien imaginée en soprano, elle est incarnée par une voix grave de contralto. Vertiges du baroque !
La révélation de la soirée fut la soprano Chiara Skerath. Rayonnante de vocalises et de musicalité, éclatante dans les récitatifs. On retrouva les mêmes qualités de souplesse vocale et de musicalité en l’excellente contralto Margherita Sala. Avec sa voix sonore et son chant conquérant, Riccardo Novaro nous fit une prestation royale. Ca tombe, bien, c’était lui le roi !
Le contre-ténor Carlo Vistoli a une voix quelque peu étroite mais vocalise avec une telle aisance, chante avec une telle intensité, qu’il mit la salle en ébullition. La voix de Benedetta Mazzucato cascade de manière aussi impressionnante que sa chevelure rousse. Elle a du caractère, mais une certaine dureté dans les vocalises – peut-être à cause des colères de son personnage.
Même si son timbre manque de couleur, Marlène Assayag est aussi virtuose dans son chant que convaincante dans son expression. La basse sombre de Luigi deDonato s’imposa comme celle d’un patriarche, bien installée sur ses graves. A ces Olympiades, une médaille s’impose pour Jean-Christophe Spinosi et sa fantastique équipe de vivaldiens : elle est d’or !