Des musiciens d’élite français et étrangers ont leurs jeux de Pâques : c’est le festival que dirige à Aix-en-Provence Renaud Capuçon, fort opportunément appelé « Festival de Pâques ». Il se déroule du 8 au 24 avril.
En ouverture, la soprano Barbara Hannigan chanta un bouleversant air ukrainien dédié au pays martyr dont l’incompréhensible invasion par la Russie met en péril l’équilibre du monde.
Barbara Hannigan est une très bonne cantatrice, mais en tant que chef d’orchestre elle est moins convaincante.
Elle était, il est vrai, confrontée à une gageure : diriger le Requiem de Mozart avec un grand orchestre symphonique – en l’occurrence le Philharmonique de Radio France – et un grand chœur. Il n’est pas simple de diriger Mozart avec un orchestre aux dimensions berlioziennes. Il faut savoir donner de l’élan, de la souplesse, voire de la légèreté et de la transparence à une masse orchestrale et chorale considérable afin de faire teinter le cristal de la musique de Mozart.
Or, ce que nous avons entendu fut lourd, pesant, avec des forte écrasés, dépourvu de ces phrasés élégants qui caractérisent la divine musique de Mozart. On sentait, en voyant ses gestes souples et élancés, que Barbara Hannigan souhaitait obtenir de tels phrasés, mais le résultat n’était pas là.
Dès l’introduction, certes marquée « adagio » sur la partition, l’interprétation traînait les pieds. A certains moments, pour donner du dynamisme, la cheffe appuyait les premiers temps des mesures, ce qui donnait à l’œuvre un caractère dansant hors de propos. A d’autres moments,elle étirait les phrases mais alors les entrées du chœur et de l’orchestre manquaient de précision.
Côté solistes, la soprano suédoise Johanna Wallroth éclaira notre soirée de sa jolie voix bien timbrée. Nous avons aussi remarqué les belles couleurs vocales de la basse Yannis François. Mais le timbre du ténor Charles Sy manquait de clarté et la voix de la mezzo Adannya Dunn de présence.
Nous étions venus pour entendre le Requiem de Mozart, qui figurait seul sur l’affiche du premier concert du festival, mais c’est une toute autre œuvre qui, rajoutée en début de concert, fit notre régal : le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg, joué de manière étincelante par le violoniste Christian Tetzlav. Les anges, ce soir-là, étaient du côté du concerto, pas du Requiem.