Poussé par son librettiste fétiche Hofmannsthal, qui voulait intégrer un opéra de poche intitulé Ariane dans une œuvre plus vaste tirée du Bourgeois gentilhomme, Richard Strauss fit d’abord de son mieux d’assez mauvaise grâce. La création de ce fleuve de 6 heures à Stuttgart, en 1912, ne satisfit ni Hofmannsthal, ni Strauss, ni le public si bien que le premier refit le livret, ajoutant un prologue à l’acte unique initial pour en faire une œuvre nouvelle, avec pour titre Ariane à Naxos. Le Hofoper de Vienne accueillit ce pastiche, modèle du théâtre dans le théâtre, il y a tout juste 100 ans et lui fit un triomphe. C’était, comme l’écrivit Hofmannsthal quelques années plus tard dans l’un des innombrables témoignages de la correspondance entre les deux hommes, leur « enfant préféré ». Dix ans plus tard, c’est Ariane qui sera la première œuvre de Strauss donnée à Salzbourg, dans le cadre du festival nouvellement créé.
Le rôle d’Ariane fit se couvrir de gloire les plus grandes cantatrices du XXe siècle, dans le rôle titre comme dans celui de Zerbinette. En voici la céleste scène finale, ici chantée par Gundula Janowitz dans le rôle d’Ariane, James King dans celui de Bacchus – qu’il a chanté un nombre incalculable de fois – et Edita Gruberova en Zerbinette, sous la direction de Karl Böhm, pour les 60 ans de l’œuvre toujours à l’Opéra de Vienne, avec les aléas qu’ont parfois les grandes soirées.