Il est l’un des hérauts de la nouvelle génération dorée des ténors Français. Il ne manque pas non plus d’humour, ni d’autodérision. Voici le questionnaire de Proust (sauce lyrique) de Stanislas de Barbeyrac.
Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
Lady Macbeth de Mtzensk à l’Opéra de Paris en 2009 je crois. J’étais au studio de l’ONP. Une claque ! Westbroek électrisante, l’impression d’avoir été assis dix minutes seulement.
Mon pire souvenir dans une salle d’opéra ?
C’était ma toute première année de conservatoire à bordeaux (2005), j’avais donc quelques mois de pratique et je suis allé voir La Traviata à l’opéra de Bordeaux, je n’y connaissais rien. Pendant le spectacle, le ténor a perdu sa voix : petit à petit on sentait que ça se gâtait. Et c’était inconfortable ! Malgré mes quelques cours de chant, je sentais ce qu’il pouvait ressentir. C’était horrible comme sensation, mais une bonne leçon : me dire que ça peut arriver, qu’un chanteur pro n’est pas infaillible…
Le livre qui a changé ma vie ?
La neige en deuil d’Henri Troyat. Pourquoi j’en sais rien, mais j’ai lu ce livre au collège et ensuite j’ai envisagé la vie différemment.
Le chanteur mort que je voudrais ramener à la vie pour chanter avec ?
Sans hesitation, Fritz Wunderlich !
Mon plus grand moment de grâce dans un musée ?
En Suède, en famille pour une production, nous avons été subjugués par le musée Vasa et son vaisseau qui est là, posé, et dont on a l’impression qu’il navigue encore!
La ville où je me sens chez moi ?
Facile ! Barsac, plus que jamais.
La ville qui m’angoisse ?
Zurich, haha .. tout est trop … net, calme sécurisant, ça m’angoisse.
Ce qui, dans mon pays, me rend le plus fier ?
La gastronomie évidemment.
Le metteur en scène dont je me sens le plus proche ?
Ivan A. Alexandre, avec qui j’ai travaillé pour mon premier Ottavio à Drottningholm et ensuite à Vienne pour Armide. Il est devenu avec le temps un complice dans le travail et un ami.
Mon pire souvenir avec un chef ?
Musical, avec Pinchas Steinberg pour Salomé à Bastille. Je sortais juste de l’école de l’opéra et on m’avait confié Narraboth, qui n’est pas rien pour le tout jeune chanteur que j’étais. Ce fut intense, déstabilisant, drôle aussi car finalement avec une touche d’humour on se sort de pas mal de situations. Une bonne école en tout cas pour la suite.
Si j’étais une symphonie ?
Je triche : toutes les symphonies de Mahler !
Et une sonate ?
Pas très original mais la sonate pour piano n°11 de Mozart, je trouve ça tellement simple et si beau, c’est l’essence même du compositeur. Et ce thème qui nous emporte et que tout le monde retient… !
Et un quatuor à cordes ?
La jeune fille et la mort de Schubert.
Le chanteur du passé qui me rend fou ?
Il y en a plein ! Mais peut être Franco Corelli quand même !
Le chanteur du présent qui me rend fou ?
Murzaev m’a rendu dingue dans un Andrea Chénier à Bastille. C’était une expérience bien singulière ! Je ne sais pas ce qu’il devient …
Si j’étais un personnage de Harry Potter ?
Mes enfants me disent : « Harry bien sûr ! T’as des lunettes et t’as une cicatrice sur le menton, pas sur le front …»
Le compositeur auquel j’ai envie de dire « mon cher, ta musique n’est pas pour moi » ?
Clairement Rossini !
Si j’étais un Lied ou une Mélodie ?
Im wunderschönen Monat Mai
Mon pire souvenir historique des 30 dernières années.
Le 11 septembre
Le rôle que je ne chanterai plus jamais.
Tamino
Ma devise
Celle de ma famille : « La beauté dans l’honneur ». J’en suis très fier … de ma famille.