Alors qu’elle répétait sa prise de rôle d’Isolde à Toulouse, nous avons soumis Sophie Koch au questionnaire de Proust.
Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
Palestrina [rôle de Silla, en 2001] dirigé par Thielemann, je chantais avec Kurt Rydl à Covent Garden, ce fut la seule fois.
Mon pire souvenir sur scène ?
La Damnation de Faust à Paris en 2015 qui a été bien gâchée par une épouvantable mise en scène ; et puis un horrible Werther, le premier que j’ai fait à Berlin, en 2005, au milieu des machines à laver. C’était d’un mauvais goût absolu, ça a gâché toute la poésie de Werther.
Le metteur-en-scène dont je me sens le plus proche ?
Michel Fau, avec lequel j’ai fait Wozzeck ; j’ai hâte de retravailler avec lui. Il y a eu aussi le Werther de Benoît Jacquot, splendide. J’aime aussi travailler avec Laurent Pelly, Olivier Py.
Le chef ou la cheffe qui m’a le plus appris ?
Christian Thielemann compte beaucoup pour moi ; mais aussi Frank Beermann. J’aimerais qu’on parle plus de lui, car il est trop discret.
Mon pire souvenir avec un chef ?
Je ne me suis pas très bien entendue avec Kurt Masur ; c’était durant un concert (Jeanne d’Arc au bûcher) et je ne comprenais pas sa battue. Il y a eu aussi une expérience catastrophique à Vienne. Parfois, à Vienne ils veulent lancer de jeunes chefs, et ce n’est pas toujours une réussite…
La ville où je me sens chez moi ?
Vienne. J’adore, c’est une ville qui compte énormément pour moi.
La ville qui m’angoisse ?
Berlin ; je n’y ai jamais été très à l’aise. C’est une grande ville sans véritablement de centre, je m’y sens perdue.
Ce qui, dans mon pays, me rend le plus fier ?
Travailler avec des gens qui ont une passion pour ce qu’ils font. Qui ont la passion pour l’art et qui font tout pour que ça continue. Et le défendent coûte que coûte.
Si je pouvais apprendre un instrument du jour au lendemain, lequel serait-il ?
Le violoncelle ; j’ai toujours aimé les cordes ; malheureusement je n’en ai jamais fait.
Un opéra dont j’aurais voulu être le créateur du rôle-titre ?
Tristan und Isolde.
Si l’étais un Lied ou une mélodie ?
« Nur wer die Sehnsucht kennt » de Wolf.
Mon plus grand moment d’embarras ?
Le jour où j’ai téléphoné à Christa Ludwig (1990) pour lui demander une audition. J’étais décomposée, j’avais les mains moites, je ne savais plus parler. Et c’est avec cette rencontre que tout a démarré.
Le compositeur auquel j’ai envie de dire “mon cher, ta musique n’est pas pour moi” ?
Bellini, Donizetti.
Ma personnalité historique préférée.
Jésus.
Mon pire souvenir historique des 40 dernières années.
Les attentats en France.
Mon plus grand moment de grâce face à une œuvre d’art.
Vermeer : l’exposition à Amsterdam où j’ai pleuré.
Le livre qui a changé ma vie ?
Belle du Seigneur.
Le rôle que je ne chanterai plus jamais.
Sélika de L’Africaine. A Berlin je l’ai chantée en 2015, c’était un cauchemar.
Ma devise.
Carpe diem.