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Questionnaire de Proust – Andreas Schager : « J’aime les metteurs en scène qui ont bien travaillé leur sujet ! »

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Interview
21 novembre 2022

Infos sur l’œuvre

Détails

Entre Siegfried et Götterdämmerung au Staatsoper Unter den Linden de Berlin,  Andreas Schager s’est prêté  au questionnaire de Proust. 


Quelle est la plus grande qualité pour un ténor ?

Pas seulement pour un ténor, mais pour tous les chanteurs : ne pas se prendre soi-même trop au sérieux. Cela aide beaucoup ; et puis élargir son focus. Ne pas être là que pour chanter et faire carrière, mais toujours se demander : qu’est-ce que je représente sur scène, qu’est-ce que je personnifie. Il faut vivre et faire vivre son personnage, sinon, il n’y a que la partition que l’on restitue et c’est bien trop peu. Et puis pour moi personnellement : ne pas penser uniquement au son que je produis, mais aussi aux émotions qui forment, qui colorient le son. Nous devons être capables de rendre cette émotion dans le son.

Mon occupation favorite, à part chanter ?

Etre avec mes enfants, c’est un cadeau pour moi !

Le plus grand malheur dans la vie ?

C’est quand la vie vous empêche d’avancer comme vous le voudriez, et qu’il faut porter un fardeau tout au long de sa vie.

Mon truc contre le stress ?

Je ressens le stress bien sûr ; au début de ma carrière, j’avais beaucoup de mal à gérer la pression. Mais il faut ne pas se croire plus important qu’on est véritablement. Et se dire que ce qui fait le succès sur scène ce n’est pas que la voix, mais un ensemble. Je me souviens d’une représentation de Tristan où avant le troisième acte, j’étais lessivé, je n’en pouvais plus, j’avais envie d’aller sur scène et de dire au public : « désolé mais je ne vais pas pouvoir continuer ». Au final cela a été l’une de mes représentations les plus applaudies !

Le livre que je lis avant de m’endormir ?

En ce moment ce sont des livres pour enfants, ceux que je lis à mes enfants avant le coucher (Rires).

La cantatrice avec laquelle j’aimerais chanter ?

J’ai déjà eu la chance de chanter avec de magnifiques cantatrices mais si j’avais la possibilité de chanter avec Elina Garanča, ce serait extraordinaire.

Mon opéra préféré ?

C’est difficile ; je dois dire que j’aime particulièrement Parsifal. Dès les premiers accords, on est transportés dans une atmosphère tellement singulière ; mais en disant cela j’ai l’impression de tromper Tristan !

Un disque sur une île déserte ?

Je prendrais le dernier enregistrement de La Belle Meunière par Fritz Wunderlich et Hubert Giesen.

Mon plus beau souvenir sur scène ?

Sur scène j’ai de très beaux souvenirs du Waldweben de Siegfried [Acte II de Siegfried]. Comment il imagine sa mère, son aspect physique. Et je me rappelle toujours dans ces moments que mes parents sont décédés beaucoup trop tôt. C’est un sujet que je connais quand je chante ce passage. Ma mère est décédée dans un accident de voiture et quand Siegfried chante «Ach möchte ich so meine Mutter sehen » (« Ah j’aimerais tant voir ma mère »), c’est pour moi un moment empreint de beaucoup d’émotions. Et quand je chante cela, j’ai toujours devant moi l’image de cette voiture accidentée.

Le metteur en scène dont je me sens le plus proche ?

Il est clair que je m’entends très bien avec Dmitri Tcherniakov. Ce que j’apprécie chez lui c’est qu’il connait les œuvres qu’il met en scène sur le bout des doigts. Tous les leitmotivs, les instruments. J’aime les metteurs en scène qui ont bien travaillé leur sujet ! 

La ville où je me sens chez moi ?

C’est une question dont j’ai parlé il y a peu avec ma femme ! J’aime beaucoup Berlin, ainsi que New York où je me sens bien, mais je dois avouer que je ne suis pas un citadin ; j’ai grandi à la campagne [en Basse-Autriche], dans une ferme, et je me rends compte avec les années que j’ai de plus en plus envie de retrouver mes racines. Mais je rentre trop peu souvent chez moi.

Un opéra que j’aurais bien aimé créer ?

La Flûte enchantée

Le compositeur à qui je pourrais dire : « Mon cher, ta musique n’est pas faite pour moi » ?

Ça me fait beaucoup de mal de le dire mais bien que je l’aime énormément, je ne chanterai jamais des pièces de J.S. Bach, elles ne correspondent pas du tout à ma voix.

Le rôle que je ne chanterai plus jamais ?

Les rôles plus légers que j’ai chantés au début de mon parcours comme Ferrando.

Qu’aimeriez-vous que Dieu vous dise en vous accueillant au Paradis ?

« Cher Andreas, tu as fait du bon travail ! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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