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Quel amateur d’opéra êtes-vous ?

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Actualité
18 mars 2013

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© rukanoga – Fotolia.com

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Quel amateur d’opéra êtes-vous ?
Un test proposé par Christophe Rizoud

Wagnerolâtre acharné, avant-gardiste intransigeant, réactionnaire impénitent, baroqueux boutonneux, folle lyrique : identifiez en répondant à une petite dizaine de questions l’amateur d’opéra qui se cache en vous.

 

Votre livre de chevet ?
Ƹ Renée Fleming : Une voix
Ɵ Nikolaus Harnoncourt : Le Dialogue musical
Ψ Benoit Duteurtre : Requiem pour une avant-garde
ʘ Albert Lavignac : Le voyage artistique à Bayreuth
Δ Arnold Schoenberg : Traité d’harmonie

Votre dernier coup de cœur à l’opéra ?
Δ Médée de Dusapin en 2012 au Théâtre des Champs-Elysées
Ψ Mireille de Gounod en 2009 à l’Opéra de Paris
Ɵ L’Artaserse de Vinci en 2012 à Nancy
Ƹ Maria Stuarda de Donizetti en 2012 au Metropolitan Opera de New York
ʘ Lohengrin de Wagner en 2012 à La Scala de Milan

Un cadeau à votre meilleur ami ?
Ɵ Une écharpe en soie, motif toile de Jouy
ʘ Un cygne blanc en porcelaine
Ψ une paire de pantoufles fourrées en laine
Δ Un Ipad mini
Ƹ Un éventail signé Karl Lagerfeld

Un film à voir et revoir ?
ʘ Ludwig (Luchino Visconti)
Ɵ Tous les matins du monde (Alain Corneau)
Ƹ Sissi face à son destin (Ernst Marischka)
Δ Un chien andalou (Luis Buñuel)
Ψ Les enfants du paradis (Marcel Carné)

Le Ring d’accord mais mis en scène par :
Ɵ Benjamin Lazar
Ƹ Robert Carsen
ʘ Katharina Wagner
Δ Calixto Bieito
Ψ Nicolas Joel

Une interprète aujourd’hui pour La Traviata ?
Δ Nadja Michael
Ƹ Anna Netrebko
ʘ Annette Dash
Ɵ Patricia Petibon
Ψ Inva Mula

Le plus grand (contre) ténor du passé ?
Ɵ Alfred Deller
ʘ Lauritz Melchior
Δ Peter Pears
Ψ Georges Thill
Ƹ Luciano Pavarotti

Et du présent ?
Ƹ Roberto Alagna
ʘ Jonas Kaufmann
Ɵ Philippe Jaroussky
Δ Michael Spyres
Ψ Michel Sénéchal

Un opéra méconnu à exhumer ?
Ψ La Reine de Saba de Charles Gounod
Ƹ Elena da Feltre de Saverio Mercadante
Ɵ Camille, Reine des Volsques d’André Campra
ʘ Das Liebesverbot de Richard Wagner
Δ Histoire de loups de Georges Aperghis

Le rôle des rôles ?
ʘ Brünnhilde
Ɵ Cleopatra (Giulio Cesare)
Δ Lulu
Ƹ Norma
Ψ Carmen

Une destination pour le week-end ?
Ɵ Beaune
Ƹ Milan
ʘ Dresde
Δ Berlin
Ψ Paris

Votre maison d’opéra fétiche ?
Δ La Monnaie
ʘ Le Bayerische Staatsoper
Ƹ La Fenice
Ψ Le Metropolitan Opera
Ɵ L’Opéra royal de Versailles

Votre dessert préféré ?
Ƹ La pêche Melba
Ψ L’Opéra
Ɵ La tourte de citrouille
Δ L’Ispahan
ʘ La Forêt Noire

Le prénom de votre fille ?
Δ Maya
Ƹ Angela
Ψ Marguerite
ʘ Isolde
Ɵ Guillemette
 
*****************************************************************

Vous avez une majorité de Ɵ : vous vous rangez dans la catégorie des « baroqueux boutonneux ». Depuis la découverte d’Atys de Lully en 1987, l’année même de votre premier comédon acnéique, vous ne jurez que par l’interprétation sur instruments d’époque et l’éclairage aux chandelles. Certes, vous consentez à vous aventurer jusqu’aux premiers opéras de Rossini parce que le récitatif y est encore secco. Mais vous ne vous épanouissez vraiment que dans une période qui va de 1650 à 1750. Bach est votre Dieu, Harnoncourt son prophète, Versailles votre domaine et le pâtisson votre légume préféré. Beaune vous accueille l’été tandis que l’hiver vous voit ronger votre frein dans les quelques salles qui consentent à programmer votre répertoire d’élection. A quand un opéra de Vivaldi mis en scène, l’enregistrement chez Harmonia Mundi de l’intégrale des opéras de Haendel et la direction de l’Opéra-Comique confiée à William Christie ? Pour tromper votre impatience, vous relisez René Jacobs, prima la musica, poi la parole de Nicolas Blanmont en en écoutant La Didone de Cavalli enregistrée en 1998 par Thomas Hengelbrock.

Vous avez un majorité de Ƹ :  vous êtes ce que l’on appelle une « folle lyrique ». Pas de discrimination derrière cette appellation même s’il y a de fortes chances que le quartier du Marais à Paris soit un de vos QG. L’opéra pour vous, ce sont d’abord des sentiments extrêmes, des costumes insensés, des théâtres au décor exubérant où il est de bon ton d’exhiber à l’entracte son nouveau pull Jean-Paul Gautier, et plus que tout une histoire de divas. Votre répertoire leur fait la part belle. Peu importe l’année, la langue ou le style, du moment que l’œuvre comprend un grand rôle pour soprano : Alcina, Alceste tout autant que Norma, Aïda, Der Rosenkavalier ou Turandot. A noter cependant un petit penchant pour le belcanto romantique et ses douces dingues qu’ont su magnifier Bellini et Donizetti : Lucia, Elvira, Imogene, etc. Vous pouvez en ce qui les concerne perdre votre sang froid si un suraigu triomphant ne vient couronner les dernières mesures de votre aria préférée. Maria Callas occupe dans votre panthéon la première place mais Dieu merci, elle ne manque pas d’héritières.

Vous avez une majorité de ʘ : vous appartenez à la tribu des « wagnerolâtres acharnés ». Votre histoire débute en 1865 avec la création de Tristan und Isolde ; elle s’achève en 1883 à la mort du Maître bien que vous consentiez de temps en temps à jeter une oreille sur quelques-uns des compositeurs qui ont puisé leur inspiration à la source sacrée de Bayreuth : Humperdinck, Strauss mais aussi, pour les plus tolérants d’entre vous, Chausson, Magnard et même Franchetti. Avant 1865, il y a évidemment la sainte trilogie (Der Fliegende Holländer, Tannhäuser et Lohengrin) qui est à Tristan ce que les Prophètes sont à Jésus Christ. Les plus dévoyés d’entre vous peuvent se laisser prendre aux sortilèges de Meyerbeer puisque Rienzi est son meilleur opéra. Norma peut également faire partie de vos concessions. Vous n’avez pas la même notion du temps que vos congénères et votre sens de l’humour est également moins développé. C’est pourquoi vous trouvez ce test stupide (et dans l’absolu, vous n’avez pas tort).

Vous avez une majorité de Δ : vous pouvez vous considérer comme  un « avant-gardiste intransigeant ». Vous fûtes dans votre prime jeunesse un « wagnerolâtre acharné » (voir ci-dessus) mais très vite la Tétralogie, dans son assujettissement à la tonalité, vous parut dépassée. Pourtant, la musique sérielle à laquelle vous avez ensuite voué un culte radical (il parait que vous avez assisté à toutes les représentations de Die Soldaten à Paris en 1994) vous semble à présent démodée. Le baroque à ses balbutiements vous apparut comme une issue possible mais face à l’engouement suscité par ce nouveau courant, il vous fallut déchanter. Votre amour de l’avant-garde ne pouvait se satisfaire d’une telle popularité. Aujourd’hui, que reste-t-il pour épancher votre soif de modernité : quelques mises en scène révolutionnaires, deux ou trois créations par an, à condition qu’elles se démarquent foncièrement des opéras déjà existants. L’oreille aux aguets, vous êtes à l’affut de la prochaine vague. Il n’est pas exclu qu’un jour ou l’autre vous deveniez « réactionnaire impénitent » (voir ci-dessous).

Vous avez une majorité de Ψ : vous faites partie de la famille des « réactionnaires impénitents ». Pour vous, l’opéra est un art muséal qu’il ne faut pas dépoussiérer sous peine de l’endommager. Attention fragile ! Quand on a exactement 319 ans d’histoire, de L’Orfeo de Monteverdi (1607) à Turandot de Puccini (1926), il s’agit d’être traité avec délicatesse. Vous n’hésitez pas d’ailleurs le cas échéant à manifester votre colère après ces sagouins qui se permettent de dénaturer les intentions d’un compositeur, prétextant vouloir ainsi vous aider à en saisir la portée. Comme si vous aviez besoin de béquilles pour penser ! On l’a compris, vos pires ennemis sont les metteurs en scène, pas tous, mais ceux qui se permettent de transposer à tire-larigot. A les écouter, Mozart aurait été punk et Violetta Valery sidaïque. Foutaises ! Une volée de huées bien balancées au moment des saluts veut les mettre hors d’état de nuire. En vain, ils ont la peau dure. Si ça continue, il faudra interdire les représentations scéniques, ne plus tolérer que des versions de concert. Ce jour-là, l’opéra sera mort et c’est vous qui l’aurez tué.

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