Pianiste attitré de l’Instant Lyrique, Antoine Palloc fait partie aujourd’hui de ces quelques maîtres de l’art de l’accompagnement vocal recherché par les chanteurs pour leur maîtrise technique, leur qualité d’écoute, leur connaissance de la voix humaine, la pertinence de leur jugement mais aussi leur sens de l’abnégation et de la diplomatie. Citer les artistes avec lesquels il a travaillé, les théâtres dans lesquels il s’est produit reviendrait à chanter l’air du catalogue (pour la liste complète, rendez-vous sur son site antoinepalloc.com). Il est un des « amis » du concert Karine Deshayes & Friends organisé ce dimanche 27 novembre à l’Opéra Comique pour fêter les 25 ans de carrière de la mezzo-soprano.
Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
Quand tout jeune, faisant partie du choeur d’enfants du conservatoire de Nice, j’ai ressenti l’adrénaline en coulisses, dans la pénombre face au plateau gorgé des lumières de l’Espagne au premier acte de Carmen pour « « avec la garde montante » vociférée de joie plus que chantée ! Viorica Cortez était Carmen.
Mon pire souvenir dans une salle d’opéra ?
Une représentation où la superstar était visiblement malade et donc en grande difficulté vocale, et le public était atrocement violent à son encontre. J’en avais le cœur brisé. J’ai même sommé mon voisin d’arrêter de huer, je crois même lui avoir claqué la cuisse!
Le livre qui a changé ma vie ?
Madame Bovary.
Et le film ?
Autant en emporte le vent.
Le chanteur du passé avec qui vous auriez aimé jouer.
Tous ceux qui ont collaboré de près avec les compositeurs… et Maria Callas. Enfant, je lui avait écrit une lettre pour lui dire que j’aimerais tant l’accompagner un jour « quand je serai grand…. ». Je ne doutais de rien.
Mon plus grand moment de grâce face à une œuvre d’art.
Pompéi.
La ville où je me sens chez moi ?
La capitale du monde bien sûr ! Nizza le Bella !
La ville qui m’angoisse ?
Aucune, j’aime découvrir et j’ai tendance à toujours voir le bon partout !
Ce qui, dans mon pays, me rend le plus fier ?
La gastronomie, les vins, le champagne et la mode !
Le metteur en scène dont je me sens le plus proche.
En tant que pianiste, je ne côtoie pas de metteurs en scènes, mais j’admire énormément Luchino Visconti et Patrice Chereau, tant à la scène qu’au cinéma.
Mon pire souvenir avec un chanteur ou une chanteuse ?
J’étais très malade. En sortant de scène, l’artiste me demande : « ça va? » je réponds : « non pas du tout, j’ai des frissons et de la fièvre ». La réponse inattendue a été : « non! Mais la voix, ça va ? ». J’en ai ri ….
Le chef ou la cheffe qui m’a le plus appris en l’observant ?
Bruno Campanella, Claudio Abbado.
L’œuvre la plus complexe qu’il m’ait été donné de jouer.
L’intégrale des « Poèmes pour Mi »de Messiaen.
Si je pouvais apprendre un instrument du jour au lendemain, lequel serait-il ?
Le violoncelle.
Un opéra dont j’aurais voulu être
Werther.
Le chanteur du passé dont l’écoute m’a le plus appris ?
Maria Callas, Alfredo Kraus, Joan Sutherland et tant d’autres… J ai une grande tendresse pour Elly Ameling qui a bercé mes jeunes rêves de devenir un jour « pianiste lyrique ».
Les pianistes qui m’ont marqué
Catherine Collard, Arthur Rubinstein, et Martha la grande Martha !
Le chanteur du présent que je trouve d’une générosité rare ?
Question trop dangereuse ! Ceux que j’aime de tout mon cœur se reconnaîtront !
Mon plus grand moment d’embarras ?
Mon pantalon de smoking craquant sur scène… C’était plus drôle qu’embarrassant !
Ma plus grande frayeur sur scène
Le plateau était incliné. J’étais avec Jennifer Larmore. Nous chantions « la regata veneziana ». Les roues du piano n’étaient pas solidement fixées et le piano s’est mis à glisser vers le premier rang, Jennifer essayant vaillamment de le retenir avec mon aide. Les techniciens sont arrivés très vite.
Si j’étais un personnage de Disney ?
Tous les personnages joyeux qui chantent, mais pourquoi pas Cruela Deville, elle est drôle !
Le compositeur auquel j’ai envie de dire « mon cher, ta musique n’est pas pour moi » ?
J’aurais trop peur de le vexer… Mais Gluck si je peux oser cette confession !
Ma personnalité historique préférée.
Maria Stuarda.
Si l’étais un Lied ou une Mélodie.
Ich bin der Welt.
Mon pire souvenir historique des 40 dernières années.
Les attentats…
L’œuvre que je ne jouerai plus jamais.
Aucune, j’aime apprivoiser ce que je n’aime pas et y trouver un sens, une logique.
Ma devise.
S’aimer pour aimer.