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Joyeux bicentenaire, Edouard !

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27 janvier 2023

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Lorsqu’il naît à Lille voici tout juste deux siècles, dans une famille aux origines espagnoles, son destin semble tout tracé : il sera militaire, telle est la volonté d’un père. Ce dernier, ancien grognard, veut bien que son fils apprenne la musique au Conservatoire de Lille, qu’il joue du violoncelle et obtienne un premier prix de violon. C’est chic. Mais lorsqu’Edouard lui dit, juste après ce prix, qu’il veut  à toute force devenir musicien professionnel – après tout il est né le même jour que Mozart – le père Lalo n’est pas loin de faire donner tout à la fois la Garde et la mitraille.

Déterminé, son fils quitte le domicile familial et va vivoter péniblement à Paris. Il essaie bien de proposer quelques partitions différentes des chansonnettes à la mode qui lui remplissent à tout le moins la gamelle, mais elles sont refusées par les éditeurs. Découragé, il cesse de composer à 32 ans. Il lui faudra dix ans pour qu’on lui redonne l’envie d’avoir envie comme dirait un Belge qui n’était pas lillois.

C’est en effet son mariage avec Julie Besnier de Maligny, une de ses élèves, qui le réveille. Elle chante bien, alors elle veut des mélodies, des vraies. Naîtront ses Six mélodies pour voix de contralto (ce qui donne une idée de la voix de Julie). Enhardi, il décide de participer à un concours lyrique et compose un opéra, La Conjuration de Fiesque, d’après Schiller. Il reçoit un honorable troisième prix, mais, nouvelle déconvenue – ce ne sera pas la dernière – son opéra ne sera jamais monté. Il n’a été ressuscité qu’il y a quelques années. Il a déjà 46 ans et une fois encore, il se décourage.

Co-créateur avec plusieurs de ses collègues de la Société nationale de musique, il se tourne plutôt vers la musique instrumentale et notamment symphonique, cette fois avec grand succès, le point d’orgue étant atteint en 1875 avec la Symphonie espagnole.

Sa femme étant originaire de Bretagne, il y effectue de nombreux séjours. C’est là qu’on lui  raconte un jour la légende de la ville engloutie d’Ys. Lalo tient le sujet de sa vie, dont Edouard Blau va lui faire un livret : Le Roi d’Ys. Il commence par l’ouverture, qui deviendra vite une pièce de concert à succès, et met quatre ans à terminer l’opéra. Mais voilà, le directeur de l’Opéra se méfie un peu et n’a pas envie de prendre de risque. Il temporise, tergiverse, tourne en rond, hésite et range la partition dans un tiroir, demandant à Lalo d’écrire plutôt un ballet. Décidément, notre pauvre compositeur a la poisse.

Il faut croire que tel est bien le cas, puisque ce fameux ballet, Namouna, magnifique chef-d’œuvre profondément admiré par Debussy qui avait pourtant la dent dure, siphonne toute l’énergie du compositeur, qui commence à l’écrire en 1881. Il y travaille avec tant d’acharnement que le corps finit par ne plus suivre. Frappé d’hémiplégie, il demande à Gounod de terminer son œuvre à sa place.

Mais rien ne lui sera épargné : si Debussy et les jeunes compositeurs comme Fauré, Chausson ou Chabrier, encensent le ballet, le public, lui, le rejette, tout comme les autres critiques. Caramba, encore raté, aurait pu dire l’auteur de la symphonie espagnole. Finalement, l’Opéra-Comique, plus perspicace que son grand frère, accepte de créer Le Roi d’Ys, 8 ans après sa composition. Cette fois, Lalo rencontre enfin un triomphe lyrique, le seul de sa vie. Alors pourquoi ne pas en faire un autre ? A 68 ans, diminué, il se lance pourtant dans une nouvelle aventure dramatique, La Jacquerie. Mais il meurt en avril 1892 sans l’avoir terminé.

Si l’opéra s’est finalement tellement dérobé devant lui, Lalo n’en reste pas moins l’auteur d’un des plus grands chefs-d’œuvre de la scène lyrique française, hélas trop rarement joué sur les scènes internationales. En voici un trop court extrait, « Vraiment, ma bien aimée », chéri des ténors et notamment de Juan Diego Florez, qui vient lui-même tout juste de fêter ses 50 ans ! Joyeux anniversaire(s) !

 

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