Les renseignements directs sur la genèse de Cosi fan tutte sont quasi-inexistants. Il est communément admis qu’il s’agit d’une commande de l’empereur Joseph II, basée sur une histoire réellement survenue à Vienne à l’époque. En fait, rien ne prouve la véracité de cette rumeur. Il serait en effet assez curieux que Mozart, toujours exigeant quant aux qualités dramatiques des livrets qu’il mettait en musique, ait pu accepter ce sujet sans discussion, s’il ne s’agissait que de mettre en musique une vulgaire histoire de travestissement, sans l’objectif de transcender cette intrigue un peu simplette. Si l’on se penche sur les références théâtrales et les précédents à Cosi, on aboutit à quelques œuvres, en particulier Céphale et Procris, tiré des métamorphoses d’Ovide, et l’opéra la grotta di Trofonio de Salieri, que tout le monde cite mais que personne n’a jamais entendu. Toute filiation directe apparaît ainsi improbable. Les opéras précédents du tandem Mozart – Da Ponte : Don Giovanni, les nozze di Figaro, sont inspirés d’œuvres célèbres, Cosi, lui, semble sortir du néant. On peut raisonnablement en déduire que son origine est tout simplement dans l’air du temps, celui du siècle des lumières. Et de quoi est-il donc fait, l’air du temps, à la fin du XVIIIème siècle ? …/…
(un article de Catherine Scholler – oct. 2004)