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Cinq questions à Speranza Scappucci

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5 questions
16 mars 2017
Cinq questions à Speranza Scappucci

Infos sur l’œuvre

Détails

D’abord pianiste de concert et chef de chant, la Romaine Speranza Scappucci est devenue en quelques mois une chef d’orchestre reconnue et très demandée. En décembre 2014, elle a été nommée « Nouvelle artiste du mois » par le magazine Musical America et a depuis notamment dirigé Il Turco in Italia au Lincoln Center puis à Pesaro et plusieurs œuvres à Los Angeles, Washington, Macerata, Turin ou encore Santa Fé avant les récentes productions de La Cenerentola et La Traviata au Staatsoper de Vienne et dernièrement Così fan Tutte à Rome. On a pu apprécier fin février sa fougue et son énergie dans un récital Bel canto à Baden-Baden alors qu’elle avait dirigé la veille le bal des débutantes à Vienne. Dans la foulée, elle dirige Jérusalem à Liège avant de repartir à Riga pour Norma en avril et trois concerts à Paris, Bâle et Vienne (plus d’informations sur son site officiel) suivis d’un Don Pasquale en juin à Vienne, encore. Excusez du peu !


Comment êtes-vous devenue chef d’orchestre ?

J’ai étudié la musique à l’âge de quatre ans, quand j’ai commencé à jouer du piano, tout d’abord à Rome, à Santa Cecilia, puis à la Juilliard School de New York, où j’ai été diplômée en qualité de pianiste soliste, en musique de chambre et où j’ai pu étudier plus avant l’harmonie, la composition et le travail avec les chœurs. J’ai également obtenu un diplôme en « Collaborative Piano », qui m’a permis de devenir chef de chant. Pendant de nombreuses années, j’ai conduit une carrière de chef de chant au plus haut niveau doublée d’une activité d’assistante à la direction musicale dans les maisons d’opéra les plus importantes de la planète (le Met, le Staatsoper de Vienne, etc.). En tant que pianiste, vous avez souvent l’occasion d’assister de grands chefs et j’ai eu la chance de croiser de grands noms, parmi lesquels Zubin Mehta, Seiji Ozawa et surtout, pendant plusieurs années, Riccardo Muti. L’opportunité de diriger moi-même est arrivée à Yale, pour un Cosi fan Tutte… J’ai décidé qu’il était temps que je grimpe sur le podium. Diriger un orchestre est le résultat de nombreuses années d’études, car si la gestuelle et la technique sont faciles à acquérir, comprendre l’essence et la signification de la musique est l’affaire de toute une vie.

Est-il plus difficile de pratiquer un tel métier quand on est une femme ?

Nous sommes en 2017, les temps ont changé. Grâce à des femmes remarquables qui ont ouvert la voie, de nombreuses jeunes artistes féminines font à présent des études pour devenir chefs d’orchestre. Les barrières sont tombées. Je n’ai jamais, pour l’instant, rencontré de problèmes liés à mon sexe. Les musiciens ont besoin d’un leader, quelqu’un qui a des idées et une idée claire de la musique. Ils ne se préoccupent guère de savoir si vous êtes une femme ou un homme. Mais très honnêtement, je saurais vous dire si cela rend les choses plus difficiles ou si c’est un avantage, parce que je suis une femme et je n’ai pas la moindre idée de ce que ce serait que d’être un homme sur le podium !

Parlez-nous de Jérusalem, l’opéra que vous allez diriger à partir du 17 mars à Liège…

Jérusalem est un grand opéra qui contient tous les ingrédients du chef-d’œuvre. Verdi recomposa son œuvre antérieure, I Lombardi, créée en Italie en 1844, cette fois-ci pour Paris. Il serait erroné de penser qu’il s’agit d’une simple transposition de la version italienne ; il s’agit d’un nouvel opéra, avec de nombreuses pages qui sont très différentes de celles des Lombardi. À Liège, nous donnons la version intégrale où figure également un magnifique ballet qui est le plus souvent supprimé, mais que nous avons choisi de maintenir (avec des coupes minimes pour des raisons de timing). Cette œuvre est vocalement extrêmement exigeante pour les rôles principaux. Les chœurs sont littéralement un quatrième personnage et l’orchestration est absolument brillante. On y trouve les ferments du Verdi plus tardif et moult correspondances avec des opéras tels Attila, I due Foscari et des chefs-d’œuvre de jeunesse. J’ai pu travailler très très bien avec les excellents orchestres et chœurs de l’Opéra de Liège ainsi que les solistes. C’est un très beau théâtre où tout fonctionne merveilleusement bien.

Parlez-nous de vos intérêts plus personnels…

J’aime les sports de toute nature, surtout le football. Je suis une grande fan de la Juventus. J’aime lire et adore les polars (aussi bien en livres qu’à l’écran), ainsi que les vieux films de Hollywood ou le cinéma italien.

Quels sont vos rêves et vos ambitions en tant que chef d’orchestre?

Pour moi, c’est un cadeau que d’avoir à aller où il me sera donné d’aller, que ce soit pour diriger un grand orchestre ou une formation d’étudiants. Respirer de la musique, en faire, tout cela est une bénédiction que la vie nous donne. Mon rêve consiste à toujours être capable de bien accomplir ce que je fais, de rester fidèle au compositeur et de restituer humblement ce qu’il ou elle a écrit.

Propos recueillis et traduits de l’anglais le 4 mars 2017.

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