Antonio Caldara en 1733 et Niccolo Jommelli dix ans plus tard, ont été les premiers à mettre en musique Demofoonte, 13e des 27 drames écrits par le poète et librettiste Pietro Metastasio. A deux reprises Mozart sembla intéressé par le sujet, sans pour autant y consacrer suffisamment de temps pour aboutir à un opéra, même miniature. La dramaturge Sabine Radermacher a pourtant décidé de rassembler tout le matériel existant pour donner vie à une oeuvre fragmentaire, donnée en concert en mai 2007 à Düsseldorf. Si la démarche musicologique est louable, l’idée de capter cette exécution s’avère en revanche contestable. Bruno Weil dirige froidement les parties orchestrales, mouvements symphoniques pour la plupart, sans grand intérêt, censés faire le lien entre des airs de concerts, comme toujours chez Mozart, virtuoses, confiés ici à des chanteuses totalement dépassées par les difficultés. Technique approximative pour Sunhae Im (Dircea), timbre inexpressif chez Eleonore Marguerre qui tient le « rôle » de Timante (l’ombre d’Edda Moser plane toujours sur le célèbre « Ma che vi fece o stelle »…), chant lacunaire et pincé pour Netta Or (Creusa), sont autant d’éléments qui discréditent cette résurrection ; et ce ne sont pas les gutturales interventions du comédien Matthias Habich, Demofoonte à la voix granuleuse, qui peuvent nous faire oublier cette scabreuse proposition musicale.
François Lesueur