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Moi, Giuseppina Verdi

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Livre
5 août 2013
Un vrai faux roman

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Karine Micard

Moi, Giuseppina Verdi

Robert Laffont
Mai 2013 – 21 € (Version numérique 15,99 €)

 

Nul besoin pour l’auteur de faire appel à son imagination pour tenir le lecteur en haleine. Dès ses débuts, la vie privée de la Strepponi a fourmillé de rencontres et de contacts avec les célébrités du monde artistique de son époque et regorgé d’anecdotes légères, voire dramatiques. Luttes avec les directeurs de théâtre, comme le fameux Minelli ou Cirelli, impresario influent, qui la mit de force dans son lit avant de la lancer sur scène… Conversation intime avec Giuditta Grisi… Promenades dans Bologne la nuit avec le chanteur Moriani, celui qui se faisait appeler « ténor de la belle mort » — son partenaire de Lucia di Lammermoor. Leur grande passion charnelle lui laissera un enfant qu’elle devra abandonner dans la honte et la douleur, ainsi que les trois suivants qu’elle aura d’hommes différents en un temps record… Comment chantait Giuseppina Strepponi ? Quelle femme était-elle ? Interprète de Rossini, Bellini et Donizetti, la carrière de soprano de cette brillante cantatrice malmenée par les exigences des organisateurs de concert s’est terminée à trente ans ; selon la légende, la voix détruite par le rôle d’Abigaïl. Son nom est surtout connu aujourd’hui pour la place qu’elle a tenue auprès de Verdi : « un véritable coup de foudre musical par partition interposée », paraît- il.

Tout en utilisant fidèlement les faits historiques marquants, l’auteur a donné à son ouvrage une construction théâtrale : un prologue suivi d’un flash-back en trois actes. Le prologue se situe le 2 février 1852, à Paris au Vaudeville ; c’est la première de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils. Légendaire inspiratrice du personnage de La Traviata, Giuseppina y assiste aux côtés de Verdi.

Ils vivent alors ensemble dans le quartier de la nouvelle Athènes. Ensuite, afin de créer entre le grand Verdi et la muse qui deviendra son épouse un tête-à-tête imaginaire, le texte du livre est rédigé tantôt à la première, tantôt à la deuxième personne du singulier. Ce procédé qui favorise la proximité avec les héros est néanmoins assez maladroit quand il s’agit du déroulement des représentations théâtrales et encore davantage quand ils expriment les pensées de Verdi, ses sentiments ou ses positions sur sa musique et son travail. De surcroît, quand l’héroïne s’adresse familièrement à celui qu’elle appelle son Pasticcio, apparaissent parfois certaines expressions anachroniques assez malvenues dans ce contexte. Surtout au début du livre, on remarque des négligences de style, dues sans doute au manque de temps pour une ultime relecture. En revanche, l’évocation des lieux et la peinture des personnages qui gravitent autour de Verdi, en particulier l’épisode avec Teresa Soltz qui, comme on le sait, bouleversa les dernières années de sa vie conjugale sont tout à fait crédibles. La fin de cette prétendue autobiographie est émouvante et les cœurs sensibles retiendront leurs larmes. Autre atout : le texte est entrecoupé de quelques lettres de Verdi, publiées chez Lattès en 1984 mais non référencées ici de manière précise, qui sont fort intéressantes.

Afin qu’une maison d’édition grand public comme Robert Laffont édite cette biographie, ô combien romanesque, il fallait sans nul doute le contexte favorable du bicentenaire Verdi. Ce vrai faux roman est une bonne lecture de vacances pour tous ceux qui aiment les belles histoires touchantes avec un parfum de réalité. Quant aux passionnés de l’art lyrique, ils y trouveront une agréable détente sans quitter leur univers favori.

 

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