Après avoir remporté plusieurs prix aux concours de Gordes et Mâcon ainsi que le prix Cité de la voix, la jeune soprano ukrainienne Iryna Kyshliaruk retrouve la pianiste Yun-Ho Chen pour un enregistrement consacré à Moussorgski, Liszt et Rachmaninov.
Formées au CNSM, ces musiciennes réalisent un album tout à fait convaincant qui ne se complait pas dans des « tubes » de l’opéra ou du Lied : voici une carte de visite qui met davantage en valeur les qualités expressives de la soprano que l’ensemble de ses capacités vocales.
Ainsi, Les Enfantines de Moussorgski se révèlent chargées de toute la naïveté, de toute la simplicité demandées par le compositeur : la voix assez légère, au timbre très pur et lumineux parvient à trouver les couleurs et l’engagement adéquats pour incarner l’enfant narrateur dans ces mélodies.
Mais c’est bien dans les Lieder de Liszt que la voix peut le mieux se déployer. L’aigu est rayonnant et bien vibrant, notamment dans « Fischerknabe », et la soprano trouve une vraie intensité dans « Über allen Gipfeln ist Ruh ». On pourra seulement regretter une diction française qui laisse à désirer dans « Comment disaient-ils », car pour le reste Iryna Kyshliaruk accorde une grande importance au texte qu’elle prononce.
Les Six poèmes de Rachmaninov sont enfin l’occasion pour Ia pianiste Yun-Ho Chen de se faire mieux entendre, de mettre en valeur un jeu sûr, engagé, que les premières pièces avaient pu laisser paraître un peu en retrait ; cela est sans conteste bénéficiable à la chanteuse qui s’empare de ces mélodies de Rachmaninov avec délicatesse et poésie.
A l’écoute de cet album, on en vient à espérer que ces deux artistes aient l’occasion de travailler encore souvent ensemble afin de mûrir ces belles qualités, car le duo est tout à fait prometteur. Ne leur manque que plus d’expérience pour approfondir les nuances et l’expressivité dont elles ont donné un plaisant aperçu.