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Love and Other Demons

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CD
11 novembre 2013
Quasi bel canto ?

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Peter EÖTVÖS

Love and other Demons


Opéra en deux parties, livret de Kornél Hamvai
Créé à Glyndebourne, le 10 août 2008

Sierva Maria
Alison Bell
Father Cayetano Delaura
Nathan Gunn
Don Toribio
Mats Almgren
Josefa Miranda
Felicity Palmer
Martina Laborde
Jean Rigby
Dominga de Adviento
Marietta Simpson
Don Ygnacio
Robert Brubaker
Abrenuncio
John Graham-Hall

The Glyndebourne Chorus
London Philharmonic Orchestra
Direction musicale
Vladimir Jurowski

Enregistré en direct au festival de Glyndebourne, en août 2008

2 CD Glyndebourne GFOCD 020-08 – 67’21 + 45’54

 

Lancée à grands fracas par Trois sœurs en 1998, la carrière opératique de Peter Eötvös se poursuit désormais à son rythme de croisière : un nouvel opus tous les deux ans, voire tous les ans, avec une régularité que plus rien ne semble devoir perturber. On sait que le chef-d’œuvre inaugural a connu de nombreuses productions différentes dans divers pays, mais on aimerait connaître le devenir des titres qui ont suivi, car telle est souvent la pierre d’achoppement des créations contemporaines : la nouveauté fait l’événement, mais s’avère éphémère, et les partitions sont ensuite condamnées à un long sommeil. Seules les innombrables maisons d’opéra allemandes semblent avoir la curiosité suffisante pour les remonter. Au sein de ce catalogue, Lady Sarashina brille d’un éclat particulier (on a pu revoir la production de Lyon en avril de cette année au Teatr Wielki de Varsovie), mais l’œuvre reste confidentielle, tant l’industrie du disque s’en désintéresse : à part le CD de Trois sœurs, récemment réédité (voir compte rendu), aucun opéra de Peter Eötvös n’a laissé de trace réécoutable ou revisionnable. On ne peut donc que se réjouir de voir le festival de Glyndebourne publier, cinq ans après sa création, un témoignage de Love and Other Demons, le cinquième opéra du compositeur hongrois (dont l’opéra de Chemnitz a donné une autre production en janvier 2009, et la production britannique a été donnée à Strasbourg en septembre 2010 dans le cadre du festival Musica).

Un des points forts d’Eötvös est d’avoir toujours su choisir ses livrets, en s’appuyant sur des œuvres théâtrales aux qualités éprouvées (Trois sœurs, bien sûr, mais aussi Le Balcon et Angels in America), ou sur des textes littéraires auxquels un librettiste habile sait conférer une forme dramatique. En s’inspirant du roman de Gabriel García Márquez, Del amor y otros demonios, le compositeur avait pour objectif avoué de créer un opéra « plus proche du répertoire traditionnel qu’aucun de ceux qu’il avait écrits précédemment », selon le texte d’accompagnement dû à Edward Kemp, qui a participé à l’élaboration du livre de Love and other demons. Il s’agissait de produire du « quasi bel-canto ». Le réalisme magique du romancier colombien offrait les éléments clefs de bien des opéras classiques : amours contrariées, pouvoir de la religion, passion tragique. Le dramaturge hondrois Kornél Hamvai en avait d’abord tiré un livret en vers anglais (langue qu’il maîtrise parfaitement), découpé en récitatifs, arias et ensembles, mais Eötvös préféra une forme moins structurée, même sans aller jusqu’à la déconstruction extrême qu’il avait jadis fait subir à Tchékhov. Trois types de musique s’y rencontrent : l’Afrique revue par l’Espagne (l’intrigue se déroule au XVIIIe siècle en Colombie et fait intervenir des esclaves importés d’Afrique), le rituel catholique (la plupart des personnages sont des ecclésiastiques et l’événement principal de l’œuvre est un exorcisme) et les mélismes d’inspiration arménienne attribués au personnage secondaire d’Abrenuncio, le médecin juif.

Le rôle de l’héroïne possédée, interprété par la soprano australienne Allison Bell, grande spécialiste de la musique contemporaine, est pour l’essentiel situé dans le suraigu, avec ce goût pour les lignes en dents de scie qui caractérise le personnage d’Ariel dans The Tempest de Thomas Adès ou l’Ange dans Faustus de Pascal Dusapin. Si le recours à la colorature peut rappeler lointainement les héroïnes folles des opéras romantiques, la performance reste surtout acrobatique. Nathan Gunn reçoit en revanche un rôle de baryton bien plus traditionnel, dans lequel il est permis de goûter la beauté d’un timbre ferme et soyeux. Avec l’abbesse Josefa Miranda, Felicity Palmer peut donner librer cours à toute son âpreté expressive. Déception en revanche pour l’évêque charbonneux et grommelant de la basse suédoise Mats Almgren, dont la carrière se déroule essentiellement à Göteborg : même pour ce dignitaire antipathique, on pourrait imaginer une voix plus agréable à entendre. Les autres rôles sont plus épisodiques, qu’il s’agisse de Robert Brubaker, abonné à la musique du XXe siècle, ou de Jean Rigby, désormais habituée aux personnages secondaires. A la tête du « double orchestre » voulu par Eötvös, Vladimir Jurowski se montre tout à fait à la hauteur d’une partition exigeante, mais dont la grande scène d’exorcisme paraît finalement bien sobre, si on la compare à la démence organisée par Prokofiev dans L’Ange de feu.

 

 

 

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Peter EÖTVÖS

Love and other Demons


Opéra en deux parties, livret de Kornél Hamvai
Créé à Glyndebourne, le 10 août 2008

Sierva Maria
Alison Bell
Father Cayetano Delaura
Nathan Gunn
Don Toribio
Mats Almgren
Josefa Miranda
Felicity Palmer
Martina Laborde
Jean Rigby
Dominga de Adviento
Marietta Simpson
Don Ygnacio
Robert Brubaker
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